> Presse  Ils se jouent des actionnaires

 

Jeudi 9 Juin 2011:

 

Ils se jouent des actionnaires

Hier, une centaine d'employés de France Telecom ont joué à « la roue de l'infortune », devant l'assemblée générale des actionnaires, à Paris, manière de protester contre la validation du montant des dividendes.

« Avertissement. Désormais, les actionnaires qui gagnent de l'argent sans rien faire, seront tenus de participer, à l'image des bénéficiaires du RSA, à des travaux d'intérêts généraux pour l'entreprise et le public. Ils devront travailler, cinq heures dans un centre d'appels, une boutique ou un central téléphonique. » Imprimé sur un faux billet de banque, ce message a été distribué hier aux actionnaires de France Telecom, avant leur participation à leur assemblée générale annuelle au Palais des congrès de Paris (17e arrondissement). Plus qu'un pied de nez à l'actualité, les syndicats SUD, CGT, CFDT et CFE-CGC, demandent des comptes aux titulaires d'actions du groupe.

En conseil de surveillance, les syndicats s'étaient déjà opposés à la validation du montant des dividendes. Mais la direction est passée outre en octroyant 1,40 euro de dividendes par action, soit pas loin de 4 milliards d'euros. Pour Benoît Martin, secrétaire régional CGT Fapt (Fédération des activités postales et de télécommunications) île-de-France : « On garantit cette somme quels que soient les résultats. L'année dernière, on a dû piocher dans les réserves pour maintenir le taux de dividendes. »

Devant le Palais des congrès, une centaine de syndicalistes jouent à la « roue de l'iinfortune ». Un jeu auquel l'actionnaire gagne toujours plus et le salarié, jamais rien. Patrick Ackermann, responsable fédéral SUD-PTT, le déplore : « Stéphane Richard (PDG du groupe – NDLR) nous avait dit qu'il souhaitait en finir avec le dogme des dividendes. Pourtant, il confirme un fort taux pour les trois années à venir ! Alors que l'entreprise a besoin de faire des investissements décisifs. »

Les actions pleines d'humour des syndicats ne masquent pas le malaise persistant des salariés. À la lecture du portrait de Stéphane Richard, paru dans les Écho d'hier, certains ont failli tomber de leur chaise.

Au petit jeu du partage des richesses, les salariés, qui détiennent 4,6 % du capital, en ont marre de passer leur tour. Laurent Riche, délégué syndical central CFDT, regarde du côté de l'État. « Il détient 27 % de son capital, mais il n'oppose aucune résistance quand il s'agit de valider le montant des dividendes, au contraire. »

Stéphane Rousseau

(source le l'Humanité)

  haut de page