> Presse —Entretien avec Sébastien Jumel (PCF) |
Mercredi 8 Juin 2011:
Sébastien Jumel : « La droite dresse une France contre une autre » Le maire de Dieppe et vice-président (PCF) du conseil général de Seine-Maritime dénonce un discours qui révèle la vraie nature du « projet idéologique de la droite ». Que vous inspirent les dernières déclarations de la droite ? Sébastien Jumel. Elles soulignent une méconnaissance du marché du travail et de la réalité quotidienne des familles qui vivent des minima sociaux. Il y a là un vrai mépris de classe. À Dieppe, ville populaire, les allocataires du RSA cherchent du travail, et même quand ils cumulent ces revenus avec le RSA, ils sont bien en dessous du seuil de pauvreté. Même le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE – NDLR) le dit. Aujourd'hui, la droite accuse les collectivités locales, majoritairement de gauche, de développer ce que Laurent Wauquiez appelle le « cancer de l'assistanat »... Sébastien Jumel. À Dieppe, on a une tarification sociale des cantines, des crèches, du conservatoire de musique, etc. Mais pas seulement pour les bénéficiaires du RSA : les ouvriers, les salariés modestes, en bénéficient aussi. Pas question de dresser une France contre une autre ! Maintenant, on voudrait créer une main-d'oeuvre gratuite pour les collectivités ! Avec quel encadrement ? C'est un effet d'annonce, politiquement inacceptable et pratiquement inapplicable. Au moins, on a une lecture claire du projet idéologique de la droite : réveiller les réflexes de classe dans l'électorat de droite et d'extrême droite en pointant du doigt une soi-disant « France des assistés ». Justement, dans un dossier sur la « France des assistés », le Figaro Magazine écrit cette semaine que « les aides locales sont accordées sous conditions de statut, et non pas de revenus »... Sébastien Jumel. Faux : on établit l'aide sociale en fonction du « reste à vivre ». Certaines personnes qui ne sont pas au RSA vivent aussi des situations difficiles. Par exemple, dans notre ville, on aide des salariés touchés par la crise, au chômage technique ou partiel. Auparavant, pour leur accorder une aide, on leur demandait leurs revenus de l'année écoulée : une aberration qui les en privait. Aujourd'hui, on adapte les politiques solidaires en fonction de la situation actuelle des gens. Le « flicage » peut aller très loin : dans les Alpes-Maritimes, le conseil général UMP a créé une « brigade entifraude au RSA » de 16 personnes... Sébastien Jumel. La fraude est très marginale, comme le rappelle le CNLE. Les bénéficiaires du RSA sont contraints par un contrat exigeant de se réinsérer. Difficile, quand le gouvernement flingue Pôle emploi et les dispositifs de formation professionnelle ! En matière de RSA, c'est plutôt l'État qui fraude : il doit à notre département 87,3 millions d'euros (chiffre de 2010 – NDLR) au titre du transfert de charges. Entretien réalisé par Grégory Marin (source l'Humanité)
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