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Mardi 7 Juin 2011:

 

Ciment syndical et grève contre la fermeture d'un site Lafarge

Grève reconductible et cimenteries bloquées : syndicats et salariés des Ciments Lafarge dénoncent la fermeture du site de Frangey, dans l'Yonne, élément d'une stratégie de démantèlement de l'industrie cimentière française.

« Pas un kilo de ciment ne devra sortir des usines Lafarge Ciments de France ! » Hier, les quatre organisations syndicales des Ciments Lafarge (CGT, CFDT, FO et CFTC) appelaient les salariés à une grève reconductible pour exiger le maintien de l'usine de Frangey, dans l'Yonne. Le 25 mai dernier, la direction du groupe cimentier a en effet annoncé la fermeture de ce site de la région Bourgogne d'ici au 31 décembre 2012. L'unité de production emploie 74 personnes. L'appel à la grève a été largement suivi. Les onze cimenteries du groupe réparties dans toute la France ainsi qu'une unité de broyage ont ainsi été bloquées dès 4 heures du matin.

Pour justifier sa décision de fermer le site de Frangey, en activité depuis 1930, la direction invoque une surcapacité des fours par rapport à l'état actuel du marché national et un coût de production trop élevé. « Ce site, qui affichait les coûts les plus bas il y a quelques années, affiche désormais les coûts les plus élevés grâce à des règles de calcul douteuses, mais également parce que nombre de ses clients ont été orientés vers d'autres unités de production », relate Sylvain Morano, délégué central CGT du groupe. Le syndicat majoritaire constate surtout que « les plus gros investissements se font dans les pays émergents », tels ceux d'Asie et du Proche et Moyen-Orient, aux dépens du maintien et de l'entretien de l'outil industriel français. « On peut dire que la production française paye les dettes consécutives à ces investissements, tel celui du rachat du groupe égyptien Orascom Cement en 2008, qui s'est monté à 14 milliards d'euros », développe Sylvain Morano.

Par ailleurs, « Lafarge Ciments met en avant la compétitivité mais oublie de parler de la rentabilité qui se situe en France autour des 30 % en période de crise comme en période d'activité normale », quand « à titre de comparaison, l'industrie automobile se situe autour des 4 % », argumente la CGT, qui dénonce une stratégie

« ayant pour finalité la fermeture de plusieurs rustines ». Deux sites seraient également dans le collimateur dans les environs de Lyon et de Nice.

Le groupe Lafarge, premier producteur mondial de matériaux de construction (présent dans les domaines du ciment, du béton, des granulats et du plâtre) emploie 76 000 personnes dans le monde, 8000 en France dont 1500 dans les cimenteries. Reste que l'activité liée au ciment représente à elle seule 60 % du chiffre d'affaires, qui s'est élevé à 16,2 milliards d'euros en 2010. Dans ses documents de communication, le groupe Lafarge est d'ailleurs formel : « La croissance mondiale du ciment est en plein essor. Depuis vingt ans, elle avoisine en moyenne les 5 % par an, soit environ 100 millions de tonnes supplémentaires consommées chaque année. » Mais la direction insiste : « C'est sur les marchés émergents qu'elle est la plus forte. » Si à ce constat on ajoute que la main-d'œuvre est particulièrement bon marché dans ces pays, n'y a-t-il pas effectivement de quoi craindre que la production ne se délocalise en Asie et au Moyen-Orient ? Une crainte d'autant plus fondée pour Sylvain Morano qu'un site de broyage comme celui de Dunkerque est en sous-activité, prêt à accueillir du ciment brut fabriqué on ne sait où...

La grève sera reconduite ce mardi dans l'ensemble des cimenteries, à l'exception de celle de Saint-Pierre-la-Cour, près de Vitré.

Laurence Mauriaucourt

(source l'Humanité)

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