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Dimanche 5 Juin 2011:

Portable faut-il en avoir peur ?

 

Marc Arazi, coordinateur Grenelle des ondes (docteur en médecine)

« demander plus d'infos »

Comment peut-on établir un lien entre cancer et téléphone portable ?

Marc Arazi : « C'est un constat : les utilisateurs de téléphone mobile n'alternent pas d'une oreille à l'autre pour communiquer. Ils ont une « oreille habituelle ».

Des études épidémiologiques ont montré que l'usage du téléphone portable près de la dite oreille augmente les risques de gliome, un type de cancer du cerveau. Les cancers ont par ailleurs augmenté de 40 %. »

En attendant, que doit-on faire, nous qui avons un téléphone portable et qui nous sentons menacés ? Y a-t-il un moyen de moins s'exposer ?

« Pour s'exposer moins aux champs magnétiques du portable,, on nous présente la solution de l'oreillette, du kit main libre pour éloigner le téléphone de soi. Pour les enfants, nous recommandons de ne pas donner de mobile avant l'âge de 14 ans, car la sensibilité n'est pas la même, notamment du fait du développement cérébral de l'enfant sans compter qu'ils peuvent être victimes d'une addiction sociologique.

Et puis, au-delà des points que nous venons d'évoquer, dans le choix du téléphone portable, il faut faire attention au DAS : le débit d'absorption spécifique. C'est la première chose à prendre en compte dans ses critères d'achat.

Le DAS maximum, c'est 2 watts par kilo. On trouve des téléphones à 0,4 et d'autre qui vont jusqu'à 1,4 ! C'est l'un des rares éléments positifs du Grenelle 2. Mais, comme les opérateurs ne forment pas forcément bien tous leurs vendeurs, le DAS n'est pas mis en avant. Nous souhaitons plus de protection.

Nous pensons par exemple qu'il est temps que sur les téléphones portables, on ait un élément d'informations, un peu comme les paquets de cigarettes, pour que l'utilisateur sache qu'il y a un risque potentiel pour sa santé. »

Les opérateurs de téléphonie mobile joignent depuis longtemps des kits mains libres dans les coffrets des portables. Est-ce suffisant ?

« En réalité, les opérateurs sont dans la négation des risques pour la santé. Ils minimisent maintenant qu'ils ne peuvent rester dans le déni. Si demain des actions sont menées contre eux, ils se défendront en disant qu'il y avait un kit main libre dans chaque coffret.

En réalité, ils laissent à la discrétion du client le choix de l'utiliser ou pas. Dans aucune publicité vous ne voyez quelqu'un utiliser un kit mains libres, et au contraire, ils font la promotion des appels illimités.

Aujourd'hui dans la communication des opérateurs, ils sont déjà en train de se couvrir du risque pénal sans prévenir le client.


Jean-Marie Danjou, directeur général (fédération française des télécoms)

« Un danger, mais... »

Les opérateurs de téléphonie communiquent-ils assez sur le débit d'absorption spécifique ?

Jean-Marie Danjou : « Pour la sécurité sanitaire des personnes, la norme de l'OMS est affichée systématiquement de façon claire et lisible sur les linéaires, dans les boutiques, et figure également dans les documents commerciaux des opérateurs qui l'appliquaient bien avant que le Grenelle 2 en fasse une obligation. »

Les opérateurs ont-ils pris les devants pour plus de sécurité ?

« En France, c'est une approche de précaution qui fait parti d'un ensemble. Dans le même sens on a un kit oreillettes dans tous les coffrets de mobiles. Dans beaucoup d'autres pays ce n'est pas le cas. »

Est-ce que les opérateurs se préservent ainsi de toutes poursuites judiciaires ?

« Ils appliquent la réglementation avant que cela devienne obligatoire. Par exemple, ils s'interdisent de faire de la publicité en direction des enfants. On est à 7 % d'équipement pour les 6-10 ans selon les derniers chiffres de la commission européenne, alors que plusieurs pays ont dépassé les 40 % en Europe. C'est le résultat de cette disposition des opérateurs, et maintenant c'est traduit en obligation dans la loi Grenelle 2. »

Quels sont les véritables risques ?

« La classification de l'OMS n'apporte pas quelque chose de nouveau pour nous en France. Les conclusions de l'OMS vont dans le sens de l'agence nation de sécurité sanitaire (l'ANSES) en France.

L'OMS émet une classification 2b qui veut dire qu'il existe « peut-être » un lien entre tumeur et consommateurs de plus de 30 minutes par jour de téléphone portable sur une période de 10 ans. Il n'y a pas de lien avéré et démontré, auquel cas on serait classé niveau 1. Bien sûr qu'il y a un danger mais il n'est pas avéré. »

En moyenne on reste plus de trente minutes par jour au téléphone. Quelles sont les avancées sur la sécurité ?

« La moyenne des Français c'est moins de cinq minutes par jour pour la voix. Et les gens communiquent de plus en plus par SMS. On a 170-180 SMS par mois par utilisateur en moyenne en France. Et avec les smartphones, quand on accède à Internet on n'a pas l'oreille collée au téléphone. Il y a donc diminution de l'exposition par l'évolution des usages du téléphone. L'évolution technologique permet de limiter le temps de téléphonie à l'oreille. De plus en plus de gens se connectent en 3G, et le niveau d'exposition de ces téléphones est environ 100 fois plus faible que celui des 2 G. Progressivement, le progrès technologique permet de diminuer l'exposition. On est en plein principe de précaution de la part des opérateurs qui vont dans le sens de l'intérêt de leur client. »

Propos recueillis par Sandra Calme

(source le havre libre)

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