> Presse —Longuet gracieusement logé en Tunisie : merci Ben Ali ! |
Vendredi 3 Juin 2011:
Longuet gracieusement logé en Tunisie : merci Ben Ali ! L'actuel ministre de la Défense s'est fait payer par l'ex-dictateur deux nuits dans un palace tunisien. Gérard Longuet, une fois n'est pas coutume, est pris le doigt dans le pot de confiture. Il ne se souvient plus de rien, ou presque rien. Non pas que le ministre de la Défense française a oublié qu'il avait séjourné à titre privé durant deux jours, en 2006, dans un palace tunisien aux frais de la princesse, plutôt de ce bon vieux dictateur Ben Ali, mais il n'est plus certain d'avoir réglé la note. Pas plus que son ami qui l'accompagnait, le journaliste économique Jean-Marc Sylvestre. D'après les Inrocks, qui révèlent l'affaire, celui qui était à cette date sénateur de la Meuse et conseiller politique du président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, champion de la « République irréprochable », a bien logé à l'hôtel cinq étoiles The Résidence de Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis, du 10 au 12 août 2006. « Nous avons payé son hébergement et le restaurant. Il a payé les extras », a confirmé l'Office du tourisme tunisien. Bref, les deux compères ont bénéficié des largesses de l'ancien régime. Comme MAM et ses tribulations tunisiennes dans l'avion D'Aziz son riche mécène, Longuet ne craint pas le ridicule à force de se justifier. Il affirme s'être rendu, en août 2006, avec un ami (chroniqueur à l'époque à TF1 et LCI) à bord d'un voilier dans un port tunisien, où il avait fourni son nom et avait été reconnu. Par la suite, il s'est rendu dans un hôtel pour y passer la nuit. Là, il dit avoir accepté l'invitation à déjeuner d'un responsable de l'Office du tourisme tunisien qui voulait, selon lui, parler de voile. Le reste résulterait d'un malentendu avec son ami français. « On était deux, l'autre a pensé que c'était moi qui avais payé, moi j'ai pensé que c'était lui. Si on m'envoie une facture, je la paye de bon coeur. Deux cents euros, je ne vais pas passer la journée là-dessus », dit-il. Faudrait donc pas chipoter... Le problème sous les dictatures, c'est qu'ils notent tout. Au plus fort de la révolution, le 14 janvier dernier, le fichier de l'Agence tunisienne de communication externe (Acte), bras armé de la dictature, disparaît. Cet organisme était chargé d'inviter, tous frais payés, le gotha politique et médiatique en Tunisie, afin de promouvoir l'image d'un pays moderne, « rempart » de surcroît contre l'islamisme. Le fichier comprendrait des milliers de noms, prêts aujourd'hui à être exhumés. Dans le Who's Who des grandes âmes ayant été les obligées de l'ex-dictateur, Longuet et Sylvestre figurent dans les premières lignes. Le feuilleton, à n'en pas douter, n'a pas fini de livrer tous ses secrets. Il avait commencé fin février quand Michèle Alliot-Marie a été contrainte de s'en aller du ministère des Affaires étrangères. Longuet, lui, clame aujourd'hui qu'il ne démissionnerait pas. À sa décharge, il n'est pas le seul, d'autres surprises pourraient suivre. Le trésor des dictateurs est inépuisable en gâteries. Bernard Durand (source l'Humanité du mercredi 1er juin)
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