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Jeudi 2 Juin 2011:

Casus belli sur les salaires dans la fonction publique.

Plus de 150 manifs et rassemblements ont traduit, hier, la colère des fonctionnaires contre le « gel » du point d'indice. Le ministre Baroin rejette la réouverture de négociations. Les syndicats envisagent de poursuivre la mobilisation.

« Tout augmente, sauf les salaires. » Scandé par les quelque 600 manifestants rassemblés hier matin devant Bercy, ce slogan traduisait bien l'état d'esprit des fonctionnaires mobilisés dans toute la France, par leurs huit fédérations syndicales, pour la défense de leur pouvoir d'achat. Pas moins de 150 manifestations et rassemblements, selon un recensement de la CGT, ont exprimé l'état de colère profonde que partagent les agents des trois fonctions publiques, hospitalière, territoriale et d'État, après l'annonce par le gouvernement du gel, en 2012, pour la deuxième année consécutive, du point d'indice, qui sert de base au calcul des rémunérations. Le ministère estime à 4 % à 5 % la participation aux débrayages, un chiffre minoré comme à l'habitude, et qu'il faut multiplier par trois pour approcher de la vérité, indique Baptiste Talbot, secrétaire de la fédération CGT des services publics.

Parlons de tout sauf de l'essentiel...

Hier, le nouveau ministre de la Fonction publique, François Baroin, successeur de Georges Tron, avait ouvert la journée en opposant un refus catégorique à la demande de réouverture des négociations.« Nous poursuivrons la discussion, mais pas sur le point d'indice », a-t-il déclaré. Parlons de tout, sauf de l'essentiel... L'intransigeance gouvernementale n'a pas désamorcé le mécontentement. Devant le Palais omnisports de Paris-Bercy, un agent des cuisines de l'hôpital Trousseau fait part de son amertume devant l'absence de revalorisation salariale depuis des années, « lorsque, après trente-quatre ans de service, on ne touche que 1500 euros par mois ». La crainte d'une précarisation face à la hausse du coût de la vie est palpable. « Il n'est plus à rare de rencontrer des agents contraints de coucher dans leur voiture faute de salaire suffisant » pour payer un loyer, témoigne une responsable CGT de l'hôpital Saint-Antoine. « Il arrive même que le déjeuner pris sur leur lieu de travail soit leur seul repas de la journée », poursuit-elle.

Conseiller principal d'éducation dans l'Essonne, Jean-Marc Bouriah tient à appuyer le sentiment de malaise qui touche le personnel de l'éducation nationale vis-à-vis des « nouvelles méthodes de gestion, fondées sur une vision fantasmée du management privé ». Les professeurs connaissent parfois des difficultés telles qu'ils en viennent à accepter des primes, quitte à « jouer la concurrence entre collègues, au détriment du travail d'équipe et de la mission éducative ». observe-t-il. Les syndicalistes démentent les annonces d'augmentations salariales rendues prétendument possibles par le non-remplacement de certains fonctionnaires de l'éducation nationale. « Cela ne concerne que les nouveaux titulaires, et ne représente qu'une dizaine d'euros par personne », précise Mathieu Brabant, secrétaire académique CGT à Créteil, qui réclame en urgence « une revalorisation de 300 euros et l'indexation des salaires sur l'inflation ». Une délégation des fédérations syndicales, reçue à l'issue du rassemblement par le directeur adjoint de cabinet de François Baroin, s'est entendue répéter le refus de revenir sur le gel du point d'indice. « Le gouvernement ne veut rien entendre et il y a donc là un casus belli », a commenté Jean-Marc Canon (CGT), au nom de toutes les fédérations, annonçant une prochaine réunion de l'intersyndicale pour « développer ensemble la riposte ». Brigitte Jumel, de la CFDT, confiant avoir « déjà vu des positions très raides, comme ça, qui pouvaient se renverser ».

Pierre Merin

(source l'Humanité)

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