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Mercredi 1er Juin 2011:

 

Sous bonne garde ?

Santé. Depuis près d'un mois, le transfert des détenus, hospitalisés d'office à Pierre-Janet, n'est plus encadré par une escorte. Une situation qui inquiète les agents du GHH.

« Nous tenons à notre peau ! » Lors de la réunion du comité technique d'établissement, qui s'est tenu le 20 mai, comme hier lors du conseil de surveillance, les agents de la filière psychiatrie du Groupe hospitalier du Havre ont fait part de leur inquiétude concernant le transfert des détenus hospitalisés d'office.

Dans un courrier adressé le 3 mai aux praticiens de l'hôpital, le directeur du centre pénitentiaire du Havre, signifie en effet que « les surveillants du centre pénitentiaire n'accompagneront plus les détenus placés en hospitalisation d'office jusqu'à l'hôpital Pierre-Janet ». Une décision « dangereuse aussi bien en terme de sécurité que pour le personnel de soins infirmiers de l'HPJ, qui n'est pas et qui ne sera jamais formé à la sécurité publique et au maintien de l'ordre », écrit le Dr Guillaume Durelle au préfet de région.

« Quand on déclenche la mesure d'hospitalisation d'office, l'arrêté préfectoral tombe et le détenu bascule sous notre responsabilité. Il nous appartient donc d'aller le chercher », explique le Dr Alain Fuseau, chef du pôle psychiatrie au GHH. Une situation qui ne semblait pas poser de problème quand la maison d'arrêt se trouvait au Havre même, il y a encore un an. « C'était une petite prison en centre-ville. Nous avions entre huit et dix cas par an et les forces de l'ordre nous accompagnaient. La différence, aujourd'hui, est qu'il s'agit d'un centre de détention situé à Gainneville et que les hospitalisations d'office devraient atteindre les 80 à 100 par an, poursuit le Dr Fuseau. Je réaffirme que ce n'est pas le travail des soignants que de transporter les prisonniers, même s'ils sont en hospitalisation d'office. Nous avons une éthique soignante à respecter et des conditions de sécurité qui ne sont là pas respectées, tant pour le prisonnier que pour le soignant. » Selon la direction du Groupe hospitalier du Havre, il existe « un vide juridique préoccupant », souligne Philippe Paris. « J'ai écrit au préfet et au directeur de l'Agence régionale de santé car notre mission est une mission de soins et non sécuritaire. À chaque fois qu'une hospitalisation d'office carcéral se présente, actuellement, nous négocions l'accompagnement avec la police et l'administration pénitentiaire. »

Hier, les syndicats ont donc directement interpellé Claude d'Harcourt, le directeur de l'ARS, et Édouard Philippe, le maire du Havre et président de la Communauté de l'agglomération havraise, sur la question des hospitalisations d'office carcérales, mais aussi sur la suppression de trente-trois postes en psychiatrie. Contactée à plusieurs reprises, l'administration pénitentiaire n'était, elle, pas en mesure de répondre hier.

Vanessa Leroy

(source le havre libre)

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