Dimanche 15 Mai 2011:
Une mobilisation en suspens
Alors que les autorités communiquent sur un service de sécurité qui s'annonce spectaculaire et que les commerçants du centre-ville fermeront leurs rideaux lors du défilé du 21 mai, les organisateurs du contre-sommet des anti-G8 s'interrogent sur une mobilisation qui, de l'avis général, a du mal à s'amorcer.
« L'échec de la lutte sur la réforme des retraites n'est pas encore digéré », estime Amélie Canonne, déléguée générale d'Attac. « De plus, les thèmes des sommets du G8 souvent consacrés à la géopolitique, suscitent moins de passion. Le futur sommet du G20 à Cannes en novembre plus centré sur les affaires économiques, est de fait plus mobilisateur. » Déjà, la caravane anti-G8 de Rouen, mercredi dernier, est restée fort modeste avec moins d'une centaine de manifestants. La veille, la conférence de presse de la coordination nationale n'a guère été suivie par les grands médias nationaux. Redoutant un possible échec, les animateurs du contre-sommet restent évasifs sur le nombre de manifestants. De 5000 à 10 000 manifestants, c'est la fourchette qu'ils donnent généralement. « À 10 000 personnes, on pourra parler de succès », juge Amélie Canonne. Pourtant, en aparté, la responsable d'Attac nous confie que les services de police lui communiquent des prévisions bien au-dessus de ceux des organisateurs...
Aucun ténor politique de gauche est annoncé
« Il faut dire que l'organisation du contre-sommet a été décidée tard », relativise Christian Pigeon. « Et puis venir au Havre qui se trouve à deux heures de Paris ne demande pas tant de logistique. Les manifestants vont peut-être se décider dans les derniers jours. » Déjà au départ des villes du Grand Ouest, les bus se remplissent, dit-on, à un bon rythme. En revanche, aujourd'hui, aucun nom médiatique du monde politique de gauche s'annonce dans les rues du Havre. Pas de Jean-Luc Mélenchon, pas d'Olivier Besancenot, pas de Martine Aubry, pas d'Eva Joly, pas de Nicolas Hulot au générique pour l'instant...
« Il serait regrettable qu'aucun ne vienne », admet Christian Pigeon. Reste la grande affaire des blocs noirs, ces groupuscules anarchistes qui s'invitent dans les grands rendez-vous altermondialistes pour y commettre des actions violentes. Tous les redoutent sans trop savoir s'ils seront au rendez-vous. « La menace doit être prise au sérieux, mais sans tout focaliser dessus. Pour nous, cet anti-G8 se doit d'être pacifique, même joyeux face aux triste sires qui vont jouer au casino avec nos existences à Deauville », martèle Christian Pigeon.
PH. L.
(source Havre Dimanche)