Vendredi 13 Mai 2011:

Le rédacteur en chef d'un jour

Bernard Thibault. Du Loto de la prime à la lutte pour les salaires

De la même manière que les joueurs du Loto attendent avec impatience le rendez-vous du tirage pour savoir s'ils sont enfin parmi les heureux gagnants, nous attendons le jour où nous saurons enfin combien de salariés auront touché la fameuse prime annoncée par le président. Le suspense est intense mais une chose au moins est sûre : plus les jours passent et moins sont nombreux les bénéficiaires potentiels. Pour masquer les terribles conséquences de sa politique dans le domaine salarial, le chef de l'État décide une prime dont l'annonce sert, au passage, à masquer les mesures décidées sur l'impôt de solidarité sur la fortune. On se dit que, enfin, il reconnaît que ça ne va pas, qu'il faut faire quelque chose... Et patatras ! on annonce que ce ne sera pas pour tout le monde mais seulement pour ceux qui travaillent dans des entreprises qui versent des dividendes en hausse plus importante que les deux dernières années. Que ceux de Total, Vivendi, Accor, EDF, France Telecom et Bouygues sachent d'ores et déjà qu'ils ne seront pas parmi les gagnants !

Le versement de la prime serait subordonné à un accord dans l'entreprise avec les syndicats. À défaut, l'employeur décidera seul de ses modalités et de son montant. Au passage, il n'est plus question de la somme de 1000 euros. Et ce ne serait plus systématiquement de l'argent sonnant et trébuchant qui permettra de mettre du beurre dans les épinards. On parle d'actions gratuites, de produits d'épargne et autres subterfuges qui n'ont pas grande utilité quand il s'agit de faire les courses au marché du coin.

Naturellement, là encore, les syndicats ont été informés des arbitrages du « château », sans aucune consultation. En quelques jours, le ministre du Travail convient que, au lieu des 8 millions de salariés concernés par la prime, c'est maintenant 4 millions qui peuvent y compter... peut-être.

Alors, plutôt que d'attendre le tirage de cette espèce de Loto, il y a une voie plus efficace : l'action collective pour obtenir des augmentations durables de salaires, et du smic. Les salariés sont de plus en plus nombreux à vouloir bousculer les employeurs. Ils sont de plus en plus nombreux à parier sur la lutte syndicale et 100 % des gagnants se trouvent parmi ceux qui y auront participé.

(source l'Humanité)

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