Samedi 23 Avril 2011:
Réforme : la CGT doute
Port. Malgré les garanties obtenues pour le personnel détaché, la réforme souffle le vent de la contestation.
« Nous ne pouvions pas décemment accepter cette rencontre alors qu'il venait faire du triomphalisme autour de la réforme portuaire. Nous aurions consenti cette entrevue si nous étions assurés d'entendre parler de relance et d'investissement dans les ports. » « Il » dans la bouche de Laurent Delaporte, c'est évidemment Nicole Sarkozy. Le secrétaire de la CGT des travailleurs portuaires, au lendemain de la visite du chef de l'État au Havre, explique les raisons qui ont poussé son organisation à décliner cette rencontre.
Des avancées...
« Il voulait rencontrer les signataires que nous sommes de la déclinaison locale de l'accord cadre national. La réforme a été signée, elle s'appliquera avec bon nombre de garanties et d'avantages pour les salariés. Il y a eu beaucoup d'avancées, de travail, de discussions constructives mais la réforme portuaire reste à nos yeux dénuée de bon sens et surtout pas synonyme de relance des ports. » La réforme laisse un goût amer. « Le détachement dans les entreprises de manutention s'est fait dans la douleur. Nous avons vu des gens pleurer d'inquiétude. C'est un changement radical de culture. Les salariés concernés ont perdu leurs repères, on leur impose une nouvelle organisation notamment avec l'annulation du temps de travail. Tout va se bousculer pour ces collègues, même si par notre mobilisation nous avons obtenu toutes les garanties nécessaires en termes de rémunération, maintien des prestations, droit de retour durant 25 ans... »
Le syndicat qui, par ce résultat justifie ces actions – le port a été bloqué à plusieurs reprises – n'a pas pour autant envie de fanfaronner. L'organisation voit finalement pour seul véritable point positif le renforcement de l'unité de toutes les catégories des travailleurs portuaires. « Si certains espéraient que cette réforme soit l'outil de la désunion parmi les travailleurs portuaires, ils se sont trompés ».
Toujours selon la CGT, cette unité assurera le succès des discussions à venir. « La réforme a été dévastatrice. Le détachement a été négocié, maintenant il faut régler les autres activités qui restent dans le giron du port : maintenance, réparation navale... Nous avons été les premiers à signer la réforme, Le Havre a ainsi prouvé que nous étions en mesure de porter un dialogue social constructif pour peu que le syndicat et les salariés qu'il représente soient respectés. »
(source le havre libre)