Samedi 16 Avril 2011:
Une gouvernance contestée
Rond-point. Le cercle Condorcet s'inquiète de l'évolution des services publics. Celle de l'hôpital notamment.
Lors de sa dernière rencontre, rue Clovis, le cercle Condorcet a réfléchi sur l'évolution des services publics et les effets des nouveaux modes de gouvernance. Ceci à partir de l'exemple de l'hôpital public et grâce à un exposé de Marc Jouy, psychiatre et praticien hospitalier. Pour ce médecin « Le pouvoir politique a perdu, le pouvoir médical a perdu et le pouvoir économique a gagné ». Ces mots ponctuaient une intervention relatant comment, depuis les années soixante-dix et la mise en place de systèmes de gouvernance inspirés de modèles américains, une
« nouvelle gestion publique » a émergé en France, avec ses notions de contrat, de concurrence. Une évolution que le médecin n'approuve nullement. Pour lui, l'application au public de certains mécanismes de marché est une erreur et ont a abandonné l'objectif des meilleurs soins possibles pour l'ensemble de la population. Ainsi dans les hôpitaux, on se focalise sur « les bons indicateurs » et « on regarde la durée du séjour, plus elle est courte, meilleur c'est ». Parmi les conséquences de cette situation : l'impression chez les personnels soignants de mal faire leur travail : « on se démotive, on trouve que c'est un système absurde et il y a une résistance au changement interprétée par l'administration comme un archaïsme, changement qui, en fin de compte, va coûter plus cher ». Le médecin évoquait ensuite le passage du prix de la journée à la dotation globale à l'hôpital et à la tarification à l'activité, dotée selon lui d'effets pervers. La loi Bachelot faisait elle aussi l'objet de vives critiques. Marc Jouy déplore notamment l'accroissement du pouvoir du directeur de l'hôpital, devenu « un manager », le remplacement des conseils d'administration par des conseils de surveillance et la diminution du rôle de la commission médicale d'établissement.
(source le havre libre)