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Lundi 11 Avril 2011:

Le PCF débat de ses choix

Les communistes auront à choisir entre quatre candidatures pour la présidentielle, dont deux au titre du Front de gauche : André Chassaigne (PCF) et Jean-Luc Mélenchon (PG).

Contrairement à ce qu'on indiqué hâtivement nombre d'organes de presse, dès vendredi, les communistes n'ont pas entériné ce week-end le nom de leur candidat à la présidentielle de 2012 à l'issue de la réunion de leur Conseil national. La résolution finale adoptée par 87 voix contre 30 et 9 abstentions propose de verser « au débat des communistes l'ensemble des éléments issus de ce Conseil national », dans le cadre de la préparation de la conférence nationale convoquée du 3 au 5 juin prochain, et composée de délégués élus de toutes les fédérations départementales. C'est celle-ci qui,« après débat instruit à partir de tous ces éléments d'appréciation, élaborera le bulletin de vote comportant la proposition de candidature pour l'élection présidentielle ». Puis « les adhérents se prononceront en toute souveraineté les 16,17 et 18 juin sur cette

proposition ». Voilà pour la méthode. Quatre candidatures sont soumises au débat des communistes : celles du député PCF André Gerin et du responsable d'une section parisienne, Emmanuel Dang Tran, candidats à une candidature autonome du PCF à la présidentielle ; et celles du député PCF du Puy-de-Dôme André Chassaigne et du coprésident du Parti de gauche (PG) Jean-Luc Mélenchon, qui s'inscrivent dans la stratégie de Front de gauche.

« Deux critères politiques »

« Compte tenu de l'engagement très majoritaire des adhérents dans la stratégie du Front de gauche, nous considérons que l'essentiel de la discussion des communistes porte déjà sur le choix entre ces deux dernières candidatures », précise la résolution. L'amendement qui consistait à avancer le vote des adhérents avant la conférence afin « d'éclairer les débats et décisions » de cette dernière, a été repoussé, samedi, par 83 voix contre 29 et 3 refus de vote. Cet amendement était proposé par Nicolas Marchand, partisan d'une candidature communiste pour représenter le Front de gauche, et soutenu par André Gerin, un des trois candidats en lice issus du PCF.

Sur le fond, le Conseil national, marqué par plus d'une centaine d'interventions, a montré l'attachement très majoritaire, au-delà de la préférence pour tel ou tel candidat, à la démarche du Front de gauche. « Plus personne ou presque ne la met en cause », observait ainsi l'eurodéputé honoraire Francis Wurtz. Le débat portant surtout sur le choix que les communistes auront à faire « non pas au soutien à une personnalité », précise la résolution, mais « au regard de deux critères politiques » : celui d'aboutir à un accord d'ensemble (programme, campagne collective liant présidentielle et législatives, place respectée de chaque formation) avec les partenaires du Front de gauche (PCF, PG et Gauche unitaire) et celui d'un plein engagement du PCF en son sein.

Dans ce cadre, le secrétaire national du PCF, a estimé qu'il était « de (sa) responsabilité » de livrer son opinion dans ce débat. Selon lui, « la candidature de Jean-Luc Mélenchon peut être envisagée par notre parti dans le cadre d'un accord d'ensemble avec nos partenaires, un accord qui garantisse le respect d'engagements collectifs (…), La diversité de notre rassemblement et la place majeure de notre parti ». En l'état actuel, ces conditions ne sont pas remplies et les discussions vont se poursuivre, notamment concernant la répartition des candidats aux législatives et le contenu du programme populaire partagé.

« Construction collective »

D'autres obstacles demeurent à la désignation éventuelle de Jean-Luc Mélenchon. Les déclarations jugées

« intempestives », voire porteuses de « divisions de l'électorat de gauche » (sur l'intervention militaire en Libye, l'énergie nucléaire, les rapports avec les autres partis de gauche), heurtent nombre de membres du Conseil national. Pour Pierre Laurent, le problème « doit être entendu car il en va de l'efficacité collective du Front de gauche ». D'autres responsables communistes, enfin, redoutent un choix demandé aux communistes sous la

« pression » et le « chantage » du PG et de son fondateur.

De son côté, André Chassaigne a précisé qu'il maintenait sa candidature jusqu'à la conférence nationale, indiquant qu'en tout état de cause il se rangerait à la décision des communistes « quelle qu'elle soit ». « Le Front de gauche n'est pas une affaire personnelle mais une construction collective, a-t-il déclaré. Je pensais et je pense toujours qu'il n'y a pas de candidature incarnée d'avance, et que la mienne peut être utile pour porter une pratique politique différente, qui permet aux citoyens de se réapproprier le débat public au lieu de s'en remettre à des experts. »

Sébastien Crépel

(source l'Humanité)

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