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Lundi 58 Mars 2011:
Éditorial Un paysage dévasté, un impératif d'invention. Par Patrick à Paul et passe Apel-Muller Les ténors de la droite s'étaient rendus hier soir sur les plateaux avec comme éléments de langage : cette élection n'est pas significative étant donné le fort taux d'attention qui s'est confirmé hier. Comme si celui-ci n'était pas un symptôme majeur d'une crise politique, d'une défiance à l'égard de la vie politique et d'une insatisfaction, voire une colère, à l'égard des gouvernants. Le score historiquement bas d'une UMP qui s'était proclamée parti unique de la droite a valeur de motion de censure populaire, d'un carton rouge infligé au pouvoir. Le rejet de la politique gouvernementale et de Nicolas Sarkozy est massif et ancré au coeur même de l'électorat de la majorité. Confronté à ce rejet, le président de la République croit qu'il y échappera en 2012 par la grâce de l'extrême droite. Ses sorties contre les Roms et ses proclamations sécuritaires, ses aventures guerrières en Libye, le registre adopté par Claude Guéant concourent tous à flatter les pulsions des électeurs frontistes. Dimanche dernier, ça n'avait pas suffi : les hiérarques de la droite ont franchi un nouveau pas en banalisant l'extrême droite par leurs consignes de vote au deuxième tour. Une digue a été dynamitée, balayant les piliers du gaullisme et autorisant une proportion importante des électeurs de l'UMP à porter leurs voix vers des frontistes. Le paysage politique est bouleversé. La droite française décalque le modèle italien où la droite s'est mêlée aux différentes variétés de mussoliniens ou de populistes. Mais à ce jeu Nicolas Sarkozy risque d'être dévoré par la créature qu'il a libérée. Les estimations pour la présidentielle de 2012 – Ipsos en a publié hier – le situent derrière Marine Le Pen, au même étiage que lors des cantonales. Cette stratégie – qui provoque en passant de larges fissures au sein de la formation présidentielle – s'avère une impasse qui peut semer de lourds dégâts dans la vie démocratique et citoyenne. La gauche a gagné quelques départements, semble-t-il, d'après les premiers résultats dont nous disposons. Moins sans doute qu'elle l'espérait. Le Jura, les Pyrénées-Atlantiques, Mayotte et la Réunion seraient passés à gauche. La droite n'a pas mis en cause la présidence communiste dans l'Allier qui s'est même étoffée d'un conseiller supplémentaire. Dans le Val-de-Marne, l'opération lancée par le Parti socialiste et EELV pour enlever la présidence à Christian Favier (PCF) se termine sur un échec cuisant. Globalement, le Front de gauche a progressé autour d'un point au premier tour, et au second a montré une capacité de rassemblement qui se traduit par plus d'une centaine d'élus. Mais parlons clair : l'autosatisfaction n'est pas de mise à gauche. L'exaspération est considérable dans le pays et la gauche ne présente pas aux électeurs une alternative suffisante, une espérance de vraies et grandes transformations de la vie de chacun et de tous. L'année qui vient ne doit pas être consacrée à la recherche d'un homme ou d'une femme providentielle. Un nouveau chapitre s'ouvre sur un champ politique modifié et en partie dévasté. Il n'est pas encore écrit... (source l'Humanité)
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