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Dimanche 20 Mars 2011:
Chronique Librement soumis Par Gégard Filoche Ce qui caractérise un contrat de travail c'est un « lien de subordination juridique permanente ». Il n'y a pas de démocratie, pas de citoyenneté dans l'entreprise, vous êtes SU-BOR-DON-NÉ ! Mieux vaut le savoir : car il existe des contreparties à cette subordination et vous pouvez vous en réclamer. Le Code du travail tout entier n'est qu'une contrepartie. Vous perdez des droits en travaillant pour un patron, mais vous en recevez en échange... Depuis 8 ans, le MEDEF passe ces droits à l'acide, aidé par Sarkozy et Fillon. Laurence Parisot estime que « la liberté de penser s'arrête là où commence le Code du travail ». Elle ne veut plus d'état de droit dans l'entreprise, plus de convention « collective » : le contrat individualisé de gré à gré doit prévaloir. Elle modifie le vocabulaire, peu à peu, pour y arriver : par exemple, elle a réussi à remplacer partiellement le « droit du licenciement » par la notion de « séparabilité » (c'est « comme un divorce », la « rupture conventionnelle » individuelle sans motif ). Mais il y a un « hic » : tout ça passe mal en face de la notion de « subordination ». Car si vous êtes subordonné, vous semblez logiquement avoir besoin d'une protection en échange. Ça fait des années que le MEDEF a du mal à se dépêtrer de cette contradiction-là. Vous acceptez l'autorité de l'employeur, vous êtes donc sous ses ordres, le MEDEF ne peu pas le changer, bien sûr, il ne peut pas être pour l'autogestion... Mais comment enlever les contreparties qui sont données pour l'acceptation forcée de la subordination ? Comment faire sauter le principe essentiel qui fonde le Code ? Alors le MEDEF cherche à introduire en France, un concept « nouveau » : « Compliance without pressure » (pas nouveau en fait, il fut introduit par Freedman et Fraser...en 1966) est un procédé de persuasion qui conduit à donner l'impression aux individus concernés qu'ils sont les auteurs de décisions prises pour eux. C'est la « soumission librement consentie » : c'est de vous-même que vous vous placez sous l'autorité d'un patron, donc vous n'avez rien à demander en échange. Ce sera l'objet du déjeuner du MEDEF, le 29 mars 2011, organisé par son cercle EBP, de 12h30 à 15 heures à l'hôtel Baltimorde, salon privé, 88, avenue Klébert, Paris 16°: « Comment amener les gens à faire librement ce qu'ils doivent faire ? » par Robert-Vincent Joulé, professeur des universités, directeur du laboratoire de psychologie sociale de l'université de Provence, auteur du « Petit Traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens » (PUG 2002), 300 000 exemplaires prétendument vendus en France (sic). On sent que, de vous-même, vous avez envie d'y aller déjeuner, n'est-ce pas ? Le Code du travail est une contrepartie au lien de subordination à un patron. Comment faire sauter l'un sans faire sauter l'autre, se demande le MEDEF... (source L'Humanité Dimanche.)
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