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Jeudi 17 Mars 2011:
La mort d'André Duroméa Disparition. Figure du Parti communiste, ancien maire du Havre de 1971 à 1994, André Duroméa est décédé dans la nuit de lundi à mardi. Il aurait eu 94 ans en septembre prochain. À l'applaudimètre, André Duroméa ne craignait personne au Havre. Aujourd'hui, l'émotion tord tant de mains. Cet homme calme dont le regard bleu et rieur frappait tous ses interlocuteurs n'est plus. Il aura dominé la vie politique de la Porte Océane pendant plus de 40 ans. Tout commence en 1947 lorsqu'il fait son entrée au conseil municipal. Affaibli par une détention éprouvante au camp de Neuengamme, l'ex lieutenant-colonel des FTP force le respect par sa conviction à voir sa ville se relever du martyre de la table rase de 1944. A l'hôtel de ville, il gravit tous les échelons et, quatre ans après avoir été porté à l'Assemblée nationale par les électeurs des quartiers populaires des plateaux du Havre, il succède à son ami René Cance, le 20 mars 1971. A l'automne 1974, le député-maire communiste du Havre est en première ligne pour défendre le paquebot France. « André était un homme respecté par tous... » Il préside un comité de soutien au transatlantique et se rend à bord avec son ami Roland Leroy, lui aussi député communiste de Seine-Maritime, tout juste nommé à la tête du journal L'Humanité. André Duroméa n'a pas gagné le combat du France mais a jeté toutes ses forces dans cette bataille demeurée longtemps douloureuse dans le cœur des Havrais. « André était un homme respecté par tous » a réagi hier Daniel Colliard, qui fut son premier adjoint à la mairie du Havre et son éphémère successeur. La multitude de messages, l'unanimité des hommages sont éloquentes et ne doivent rien au seul propos de circonstance. Ce n'est pas par hasard si son « adversaire de 30 ans », le gaulliste Antoine Rufenacht, et Laurent Fabius, l'homme fort du PS en Normandie, saluent par les mêmes mots « un homme de conviction ». Le successeur d'Antoine Rufenacht à la mairie du Havre n'est pas en reste. « Dans l'esprit de tous les Havrais, l'image d'André Duroméa restera celle d'un homme d'engagement », a relevé hier Édouard Philippe. Cet engagement qui l'avait conduit à ancrer sa ville dans la modernité en confiant la réalisation de la Maison de la Culture au grand architecte brésilien Oscar Niemeyer, à lancer l'ambitieux chantier de l'aménagement du littoral havrais et à réaliser l'écrin de verdure du parc de Rouelles. Régulièrement consulté par ses amis politiques, André Duroméa avait également l'oreille de ses adversaires. Sous ses mandatures successives, jamais la gauche - « les forces de progrès, du progrès pour tous » avait-il pour habitude de répéter – n'a été divisée au Havre. Ce n'était pas le moindre des tours de force chez un homme tout entier tourné vers l'effort. Il suivit et accompagna avec passion les retrouvailles du HAC avec l'élite du football et c'est en voisin qu'il encouragea l'ascension de Paul Vatine, un « p'tit gars » de son cher quartier de Sanvic jusqu'au firmament de la course au large. Retiré des affaires publiques, André Duroméa partageait son temps entre la petite maison familiale de la rue Eugène-Duroméa – dénommée en hommage à son père tombé sous les coups des nazis dans un camp de la mort en Pologne – et sa modeste résidence de vacances à Quiberville, sur la côte d'albâtre. « Est-ce ainsi que les hommes vivent » écrivit Aragon. Et l'un de ses plus fervents admirateurs vient de s'éteindre. Christophe Preteux (source le havre libre)
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