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Vendredi 21 Janvier 2011:
Éditorial Touche pas à mon capital ! Par Michel Guilloux Laurence Parisot et Nicolas Sarkozy en rêvaient. Manuel Valls a repris la balle au bond. Eric Besson n'a plus qu'à prendre le relais. Chacun a récité sans fin le mantra néolibéral du « si-la-France-va-si-mal, c'est-parce-que-les-coûts-du-travail-sont-trop-élevés ». Haro donc en ce début d'année sur ces 35 heures à honnir. « Oui, il faut qu'il y ait un débat sur la durée du travail. » « Oui, il faut revenir sur ces différents mécanismes, et nous espérons que le débat présidentiel s'en préoccupe en tout premier lieu », a lancé la patronne des patrons, mardi. « La France a imposé une réduction forte et uniforme de la durée du travail par la loi », écrivent les auteurs d'un rapport qui tombe à pic Ils brocardent « une politique défavorable à la compétitivité » initiée en 2000. Emballé c'est pesé. Il ne reste plus qu'à saluer, chapeau bas, les merveilleuses trouvailles de ce pouvoir-ci (pôle de compétitivité, création d'Oséo, crédit d'impôt recherche, Grand Emprunt, réforme de l'université, états généraux de l'industrie, etc.). Après la casse du droit à la retraite à soixante ans, avec la nouvelle chasse aux chômeurs que le Medef compte lancer lors des « négociations » prévues à partir de lundi prochain et si l'on ajoute une nouvelle réforme de la fiscalité encore plus favorable à l'économie de rente, chacun peut voir se dessiner le programme économique du président, déjà en campagne pour 2012. Toujours plus dur pour les travailleurs, Toujours plus doux pour les riches. La même chose qu'en 2007, donc, mais en pire. Et plus besoin de vanter la « valeur travail ». Pourquoi ne parlerait-on pas du « coût du capital » ? La question est posée avec encore plus d'acuité depuis le déclenchement de la crise aiguë du capitalisme depuis 2007. Le chômage et la pauvreté de masse explosent. Les salaires sont écrasés. L'investissement productif, lui, a chuté, de même que l'effort de recherche et de développement. En revanche, le niveau des dividendes a été non seulement conservé, mais il est même supérieur à ce qu'il était voici trois ans. Question : à quoi servent les milliards d'argent public déversés sans contrôle en crédits d'impôt et autres allégements de cotisations sociales, comme les sacrifices et la pression imposés aux salariés, si ce n'est à nourrir cet appétit sans fond des actionnaires ? Les seules entreprises cotées au CAC 40 leur verseront cette année près de 40 milliards d'euros et en prévoient plus de 43 milliards l'an prochain. Quel que soit l'état de son système, y compris dans sa pire crise depuis quatre-vingts ans, le capitalisme veut avant tout assurer le rendement de sa mise. Comment initier une politique industrielle digne de ce nom, dès lors que tous les choix sont tournés vers une économie de casino de plus en plus parasite et désastreuse pour le pays ? Pourtant, les idées ne manquent pas. Mais lorsqu'elles s'expriment on les tait, comme on a ignoré les propositions alternatives sur les retraites. Prenez les salariés de Lex-Lipton a Gémenos. Leur compétitivité à crû de 50 % en vingt ans ? Leur salaire ne pèse que 16 centimes sur une boîte de sachets de thé vendue autour de 2 euros ? Peu importe, Unilever empoche la mise. Molex, la SBFM, NetCacao... partout où il se battent, des ouvriers aux cadres, avec leurs syndicats, pour défendre et développer un outil de travail performant, le pouvoir ne fait rien pour les soutenir. Au contraire. Il y a bien mieux à faire, à gauche, que d'entonner les sirènes du conformisme libéral. Il est urgent d'encourager, comme le font déjà les élus communistes, ces batailles à mener en commun. L'heure est à une remise en cause radicale de l'usage de l'argent, public, comme de celui, privé, issu du travail. (source l'Humanité)
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