> Presse —> Social : Suite à la liquidation judiciaire d'Isotherma... |
Dimanche 23 Mai 2010:
Social. Suite à la liquidation judiciaire d'Isotherma, Frank Weber, chef d'équipe au sein de l'entreprise, témoigne de son dégoût et de ses inquiétudes. Sur les marches du palais de justice du Havre, inondé de soleil vendredi matin, Frank Weber est un peu sonné quand il apprend la sentence du tribunal de commerce : Isotherma est mis en liquidation. « Dans le fond, ça me soulage. Ça devenait inévitable, il fallait en finir une bonne fois pour toutes. » Chef d'équipe sur l'agence du port du Havre, cet homme de 44 ans, père de cinq enfants, volontiers chambreur et rigolard avec ses collègues, veut donner le change, mais après 21 ans de boîte chez Isotherma, les repères se brouillent : « Dès lundi, on fera en sorte de rendre le matériel en bon état » dit-il. « Mais lundi, c'est férié, on ne bosse pas, Frank » lui lance-t-on. Et mardi, Frank Weber doit commencer un stage dans le cadre de sa formation continue au sein d'Isotherma... « Ben, j'irai. Si ça se trouve, le centre de formation ne voudra pas de moi... Après tout, qui va payer le stage ? » Devant le palais de justice, après deux heures d'attente, Frank Weber préfère évoquer son week-end que l'avenir plus lointain. « Cet après-midi, je vais jardiner avec mon père. Ça va me changer les idées. Samedi, je déménage un copain. Et puis dimanche, je vais me détendre en famille. Et puis après, on verra... Je vais attendre la lettre recommandée. » Il va tenter de décompresser, mais là, tout de suite, l'ouvrier a envie de cracher sa rancœur. « C'est sûr, si Petiet était devant moi maintenant, ça se passerait mal. En 18 mois, il a liquidé Isotherma, une entreprise qui tenait depuis 65 ans. Lui et toute sa clique, ce ne sont que des voyous, des pilleurs d'entreprise... Je ne comprends pas qu'on puisse le laisser faire. Il a des comptes à rendre, quand même. » Toute la semaine, Frank Weber a mal dormi, sa femme aussi... Mercredi dernier, dans son appartement des hauts de Bléville au Havre, l'homme se confie sans détour. « Depuis des semaines ça nous travaille. La paye qui arrive en retard, la banque qui nous rappelle à l'ordre, le frigo qu'on ne peut plus remplir... L'autre jour, c'est ma grande fille qui m'a ramené un panier de provisions. C'est dur quand même... » dit-il, les larmes aux yeux. Pourtant, malgré les nuits blanches, chaque matin de la semaine, Frank Weber s'est levé à 6 h, est arrivé le premier à l'agence du port pour préparer le travail de la journée. Car, s'il est fort en gueule, on peut lui appliquer le terme d'ouvrier modèle. « En vingt ans à Isotherma, je n'ai fait que cinq jours de grève au moment du passage aux 35 heures. Mais c'était une bonne boîte à l'époque. J'ai démarré au bas de l'échelle, et puis j'ai grimpé les échelons. J'ai toujours eu de l'ambition. J'en ai en colère... » Car un gars expérimenté comme lui, reste convoité chez les concurrents d'Isotherma. « J'ai des contacts sérieux, mais il faudra que je baisse mes prétentions financières... » Confie-t-il. « Mais bon, il y a des copains d'Isotherma qui vont rester sur le carreau. » C'est d'ailleurs peut-être ça, le plus dur, se séparer des copains après tant d'années. « C'est tout un pan de vie qui s'arrête... L'amitié, la solidarité, ça compte dans un boulot aussi usant. Le baron Pétiet, il s'en fout de tout ça... De toute façon, je ne l'ai jamais vu. Je pensais qu'il serait présent au tribunal. Mais il n'est pas venu. Pas assez de cran... » Philippe Lenoir (source le havre libre)
Mieux comprendre : Le mystérieux
Louis Petiet...
|