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Lundi 1 Février 2010: Le Groupe Total détale de Dunkerque L'entreprise devrait annoncer aujourd'hui la fermeture de la raffinerie des Flandres. Les salariés, en grève depuis le 12 janvier, manifestent aujourd'hui devant le siège parisien. Dunkerque (Nord), envoyé spécial. L'opinion publique ? Les pressions politiques ? Des soucis mineurs pour Total. Il y a un an, le groupe annonçait 560 suppressions d'emploi en France, un bénéfice historique de 13,9 milliards d'euros. Cette année. Total remet ça. Le groupe devrait officialiser aujourd'hui la fermeture de la raffinerie des Flandres, à Mardyck (nord), près de Dunkerque, déjà arrêtée depuis trois mois. Soit la suppression de 370 emplois directs et de 550 emplois indirects. Et le 11 février, Total publiera ses profits 2009, attendus à 8 milliards d'euros. En grève depuis le 12 janvier, les salariés, qui se relaient dans le froid pour bloquer les expéditions, sont plus qu'amers. « Total va se justifier en s'appuyant sur le fait que son bénéfice a chuté de 40 %, et ça va passer comme une lettre à la poste », déplore Marc Pigeon, délégué CGT. « La direction nous a roulés, dénonce Laurent Foufelle, talkie-walkie dans la poche. Le 12 septembre, ils ont arrêté le site en nous disant que c'était juste conjoncturel. En octobre, ils ont engagé une première tranche de 85 millions d'euros pour financier le "grand arrêt" pour maintenance du site, prévu pour mars. Tout ça pour qu'on ne se doute de rien. » Derrière lui, il y a une énorme cuve peinte à l'effigie de Jean Bart, le célèbre corsaire dunkerquois. Avoir une réserve d'eau est une obligation pour ce site classé Seveso, qui n'a pas encore été sécurisé par les employés. « Nous refusons de vider et de dégazer les cuves, explique Christophe Baille, car c'est notre dernier moyen de pression sur la direction, avec le blocage des expéditions. » Il répète une blague qui tourne en boucle sur le piquet de grève. « Et oui, on a plus de pétrole, mais on a encore des idées ! » Projet de remplacement : un terminal méthanier « Cela fait 26 ans que je suis ici et il n'y avait jamais eu de grève de cette ampleur », affirme Francis Wullens, délégué SUD. Pour calmer le mouvement, le groupe a laissé courir une flopée de rumeurs. « Nous avons d'abord cru qu'il s'agirait seulement d'un arrêt prolongé, comme pour la raffinerie de Port Arthur aux États-Unis », se rappelle Bruno Kaczmare. Ensuite, la vente du site a été évoquée, au groupe brésilien Petrobras, au Taïlandais Petrobras, ou même à Carrefour. Au final, sous la pression de l'Etat, Total devrait annoncer aujourd'hui la construction d'un terminal méthanier à Dunkerque, en partenariat avec EDF. La raffinerie, elle, sera transformée en dépôt. « Combien d'emplois cela va-t-il créer ? Et rien ne dit que ce seront d'anciens salariés de la raffinerie qui seront embauchés », s'interroge Marc Pigeon, de la CGT. Pour ceux qui n'en profiteront pas. Total a promis un reclassement dans le groupe. Ce qui est loin de réjouir les salariés, qui son presque tous des Dunkerquois de souche, des « enfants de Jean-Bart », comme ils disent. « Si je suis muté en Provence ou en Normandie, ma femme va devoir chercher un nouveau travail et nous allons devoir revendre la maison », déplore Laurent. C'est pire encore pour les sous-traitants. Philippe Martin, délégué CGT, est l'un des 110 salariés du groupe Endel, qui travaille à la maintenance de la raffinerie. « Si le site est transformé en dépôt, la direction nous a dit qu'elle pourrait replacer seulement 10 à 15 d'entre nous. Les autres risquent le licenciement. » Mehdi Fikri
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