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Mardi 15 Juin 2010: Le discours et la méthode La droite sarkozyste a méthodiquement pratiqué une pédagogie de camouflage au nom d'une évidence préfabriquée. La bataille sur la retraite ne se gagnera pas par des arguments de bonne comptabilité. Nicolas Sarkozy le sait. D'abord parce que les arguments de la droite ne tiendraient pas le choc. Ensuite parce que le sujet est avant tout idéologique. Et donc a des ressorts éminemment politiques. Il a alors imaginé une méthode : la pédagogie du camouflage et de l'inutilité du combat par l'évidence du bon sens. En l'occurrence la démographie, pensée comme un impératif catégorique arithmétique figé, opportunément liée à une prétendue fatalité de la crise qui imposerait l'urgence. Exit les comptes d'apothicaires réservés par définition aux initiés. Exit surtout la seule vraie question : le débat de société que pourrait attiser un puissant souffle politique. Si le président de la République et ses stratèges se comportent souvent en vainqueurs de la bataille idéologique, leur hantise est de la ranimer en révélant ouvertement leur unique objectif : casser les solidarités sociales qui font la force du peuple face a l'anti-humanisme de l'argent roi, détruire méthodiquement l'héritage de 1789 et ses avancées historiques de 1830, 1848, 1905, 1936, 1945 et 1981. Dès lors, la droite sarkozyste, se disant à la recherche d'un consensus, avance en crabe, mais sans tambour, depuis le lancement du « chantier » le 22 juin 2009, quand la loi imposait pourtant qu'un point d'étape. Tout est déjà dit, le verbe plante le décor et discrédite, sur un ton à l'évidence très pétainiste : « le courage » face aux gouvernements précédents « qui n'ont pas osé », pas « de sujets tabous », « tout sera mis sur la table », promesses « de mesures nécessaires et justes », abandonnant « les postures partisanes », face à « l'inquiétude des Français ». Sans oublier la sortie sur Mitterrand. Depuis un an, la pédagogie précitée s'est effectuée sur un même diapason au service de solutions prédéterminées. Le chaud puis le froid, la dramatisation, les faux suspenses sur l'âge légal, ou le nombre de trimestres de cotisation. Tout est dit. Mais pas son contraire : le plein-emploi, la taxation des revenus financiers... Faire payer les riches ? La possibilité n'est pas écartée. Jusqu'à ces derniers jours : c'était une blague. Pour amuser la galerie ? Dominique Bègles (source l'Humanité)
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