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Jeudi 2 Septembre 2010:

La gauche contre-attaque sans attendre la rentrée

Avant même le début de l'examen de la réforme gouvernementale des retraites au Parlement, le 7 septembre, PS, PCF et Parti de gauche passent à l'offensive, l'un en demandant le report du débat, les seconds en défendant leur contre-projet.

À J – 6 du début de l'examen par le Parlement du projet de réforme gouvernementale des retraites, l'étau se resserre autour du gouvernement et de sa majorité. Sans attendre la rentrée parlementaire, qui coïncide avec l'ouverture du débat sur les retraites le 7 septembre, jour de la mobilisation sociale, les députés PS ont ouvert les hostilités, en tentant hier d'obtenir le report de l'examen du projet gouvernemental. La bataille n'est pas que procédurière : sur le fond, il s'agit pour le PS de faire la démonstration que le gouvernement n'apporte pas la preuve de l'efficacité des sacrifices demandés aux Français pour rééquilibrer financièrement le régime des retraites. Le PS estime ainsi que l'étude d'impact réalisée dans le cadre du projet de loi ne remplit pas les conditions fixées par la loi. « Cette étude est insuffisante à plusieurs égards : les informations sont non sourcées, le document n'étudie aucune solution alternative au passage de soixante à soixante-deux ans, or, c'est justement l'objet d'une telle étude, des hypothèses de croissance sont formulées jusqu'en 2018 alors qu'aujourd'hui on navigue de trois mois en trois mois », résume Jean Mallot, député de l'Allier. De fait, le groupe socialiste compte s'appuyer sur le fait que l'étude d'impact fournie avec le projet de loi ne donne aucun élément sur les conséquences de la réforme sur le chômage des jeunes, sur l'impact sur les autres régimes sociaux. « Ce sont des milliards qui sont en jeu, notamment pour les départements qui financent le RSA », poursuit Jean Mallot. Enfin, l'absence d'éléments sur l'articulation du projet avec le droit européen devrait donner des billes supplémentaires aux socialistes.

Mettre à contribution les revenus financiers

Du côté du Parti communiste et du Parti de gauche, on entend se servir de la tribune parlementaire pour décortiquer les mensonges du gouvernement sur la prétendue inéluctabilité du report de l'âge légal de départ à la retraite et de l'allongement de la durée de cotisation, en mettant sur la table d'autres pistes pour financer le système. Sur le pont durant l'été, les communistes ont récolté 100 000 signatures de soutien à leur proposition de loi qui propose de mettre à contribution les revenus financiers pour assurer la pérennité du régime. Lors de leur université d'été, le week-end dernier, à Seignosse, dans les Landes, ils ont fait de cette bataille l'axe majeur de leur rentrée. Avec au menu un grand débat, le samedi. « Si nous cédons sur le droit à la retraite, on nous demandera demain de céder sur les congés payés et ensuite sur l'ensemble de nos droits », a prévenu d'emblée Marie-George Buffet. À ses côtés, le député Roland Muzeau a explicité le contenu de la proposition de loi, tournée vers un autre mode de financement. Ses orientations misent sur une pénalisation accrue des entreprises qui, au nom de la spéculation financière, jouent contre l'emploi.

Stock-options et dividendes dans la ligne de mire

L'emploi reste en effet au cœur du dispositif : « Il ne faut pas céder sur l'idée que nous devrions sortir de la contribution par le travail. » Autrement dit, pas question de combler par la fiscalité le manque à gagner pour le financement. Il faut élargir les recettes aux revenus qui ne cotisent pas aujourd'hui : stocks options et dividendes sont dans la ligne de mire. Pas question non plus de sortir du système par répartition en y adjoignant, comme le voudrait la droite, une part « d'individualisation ». Le projet envisage également de revenir sur les exonérations accordées aux entreprises. En 2009, c'est près de 33 milliards dont le régime a été délesté, sans le moindre gain pour l'emploi.

Sébastien Crépel, Frédéric Durand et Lina Sankari.

(source l'Humanité)

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