Mercredi 20 Janvier 2010:

Portes closes à l'école

Éducation nationale. La ville a tenu, hier soir, une réunion d'information aux parents d'élèves de l'école primaire Jean-Macé. Chronique d'une fermeture annoncée

Les voix se brisent dans le micro. Sous le préau de l'école Jean-Macé, les parents d'élèves, les enseignants et habitants du quartier sont encore sous le coup de l'émotion. Colère, désarroi et inquiétudes se mêlent depuis qu'ils ont appris que l'école élémentaire Jean-Macé fermait ses portes définitivement à la fin de l'année scolaire. Hier soir, les élus de la municipalité tenaient, au sein de l'école, une réunion d'information aux parents.

« Vous parlez de choix, le notre, c'est de garder notre école », lance une maman aux élus.

En septembre pourtant, les élèves de Jean-Macé devront se diriger vers les primaires Dauphine (quartier Saint-François) ou edouard-Hériot. Les parents évoquent les effectifs par classe, le nombre de classes, les postes d'enseignants...

« Nous pourrons recevoir les familles qui le souhaitent. Les horaires seront aménagés afin que les parents qui ont des enfants en maternelle aussi puissent déposer tout le monde. Nous pouvons aussi envisager la mise en place d'un pedibus. Nous sécuriserons évidemment les abords des écoles. Enfin, les dotations, les réfectoires, les locaux et le personnel de Dauphine et Hériot serons revus en adéquation avec les nouveaux effectifs », indiquent Philippe Brunel, directeur adjoint à l'enseignement et Agnès Canayer, élue en charge des écoles.

«Le bâtiment de l'actuelle école Jean-Macé recevra les réserves et la bibliothèque du muséum actuellement au fort de Tourneville », indique Agnès Canayer.

Les parents huent et ironisent : « quelles priorités ».

Il espèrent encore que la Ville reviendra sur cette décision prise en décembre. La fermeture de Jean-Macé en septembre 2010 devrait être entérinée lors du conseil municipal de février, en même temps que la fermeture, en 2011, de la maternelle Videcoq, située juste en face.

Marie-Ange Maraine

réunion d'information des parents d'élèves de l'école Videcoq, vendredi Prochain

Daniel Paul

« Fermer une école, cela se discute et se travaille avec les parents, les gens du quartier afin d'éviter de commettre une erreur. La Ville privilégie des œuvres au détriment d'une école. Elle crée ainsi ainsi toutes les conditions pour des suppressions de postes. De même, la fermeture de toutes ces écoles permet à la Ville de récupérer des cantines et évidemment, le personnel qui va avec. Tous ne pourrons pas être redirigés vers les écoles Dauphine et Hériot. Ces façons d'agir sont inadmissibles. C'est vraiment « circulez, il n'y a rien à voir », a déclaré Daniel Paul, conseiller municipal PC

(opposition) et député.

Représentante des parents d'élèves

« Nous proposons un an de répit »

Anne Monfort est représentante des parents d'élèves. « je ne comprends pas cette décision alors même que la Ville a fait l'an dernier, 216 000 euros de travaux pour la réfection des toilettes. De même, quand on voit le temps qu'a pris ce chantier, nous proposons au moins un an de répit afin de pouvoir réaliser les travaux nécessaires dans les écoles Daufine et Hériot. Cela laissera aussi le temps de voir comment évolue le quartier. Car je peux dire qu'il rajeunit. Cela ne sert à rien de fermer Jean Macé si c'est pour ouvrir une école dans cinq ans », propose cette représentante des parents d'élèves. « On parle beaucoup du Grand Paris. Les parisiens vont avoir envie de venir vivre dans le quartier, près de la mer et du centre-ville. On a l'impression que rien n'a été réfléchi à long terme.C'est aussi la mise en danger des enfants qui vont arriver dans de nouveaux locaux, dans des écoles qui accueilleront des centaines d'élèves. Quand on voit les angoisses que cette fermeture remue chez les parents, on peut imaginer la façon dont vont réagir les enfants ».

Où iront les élèves ?

L'inspection académique devrait maintenir les six classes de Jean-Macé, les élèves seront répartis dans les écoles Dauphine ou Édouard-Hériot. « Pour les familles, cette fermeture d'école est une décision difficile, car elle entraîne un changement dans les habitudes de la vie. Nous allons donc leur laisser le choix de l'école, Dauphine ou Edouard-Heriot, dans laquelle iront leurs enfants. Ils ont quelques semaines pour donner leur réponse. Ensuite, l'inspection académique décidera du nombre de classes à créer (six au total) dans chacune de ces écoles », explique Agnès Canayer, adjointe en charge des écoles. Selon elle, 42 salles de classe vides sont disponibles sur l'ensemble des écoles du centre-ville. Autant d'espaces à entretenir et chauffer pour rien puisque ce secteur enregistre – 8 % d'élèves scolarisés en dix ans. Chaque année, 37 millions d'euros sont destinés au fonctionnement des écoles du Havre.

La fonction publique en grève

Social. Trois syndicats appellent à manifester jeudi. Avec comme principale revendication la défense de l'emploi.

Pour la défense des services et des emplois publics et contre « la politique destructrice du gouvernement », les syndicats CGT, Solidaires et SUD en appellent à la grève, jeudi, dans le cadre d'une journée nationale d'action. Ainsi, demain, dès 10 h 30, le cortège s'élancera de Franklin pour rejoindre la sous-préfecture. Dans les rangs des manifestants, des agents territoriaux dont le projet de réforme sera examiné le jour même par les sénateurs. Autres salariés qui devraient faire entendre leur voix : les personnels des impôts, des douanes, de La Poste, de France Télécom ou encore de l'Éducation nationale et de l'hôpital. Tous mobilisés contre les suppressions de postes en cours et à venir et pour le pouvoir d'achat.

Service minimum d'accueil dans les écoles

A noter que la plupart des mairies instaurent un service minimum gratuit d'accueil des enfants pour les parents qui n'ont pas de solution de garde. C'est notamment le cas au Havre où les enfants seront réunis à la Maison de l'enfance Pauline-Kergomard. En fonction du nombre de grévistes, la maison de Trigauville pourrait également ouvrir ses portes. Un système de pré-inscription est d'ores et déjà en vigueur. Les parents intéressés par cet accueil peuvent composer le 02. 35. 19. 49. 49 aujourd'hui mercredi de 8 h 30 à 11 h 30 et de 13 h 30 à

16 h 30 et demain à partir de 8 heures.

Les enfants doivent être accompagnés et repris par les parents ou les personnes responsables qu'ils auront désignées, dans la structure où ils seront inscrits.

V. L.

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