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Lundi 19 Avril 2010:

 

La BCE ne veut pas qu'on fasse banquer les banques

Les établissements financiers ne doivent surtout pas être mis à contribution pour payer l'addition de la crise, déclare la Banque centrale européenne.

Ne touchez pas aux profits des banques et il est urgent d'attendre avant de décider quoi que ce soit à leur sujet. Le futur vice-président de la Banque centrale européenne, le Portugais Victor Constancio, craint même que de nouvelles taxes ou le durcissement des exigences réglementaires freinent la reprise. Dans cette étonnante langue de bois que polit avec constance Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, cela donne : « Nous avons affaire à un ensemble, on ne peut pas traiter isolément les différents aspects, et c'est l'ensemble qui doit être optimisé (…) part un séquençage approprié. »...

Reprenant la balle au bond avec cette compassion qui va si bien aux amis de Sylvio Berlusconi, le gouverneur de la Banque centrale italienne, Mario Draghi, s'est ému que les banques subissent déjà du fait de la crise « d'importantes pertes sur les crédits ». Soyons clairs : la BCE ne porte aucune responsabilité dans cet effritement des profits en 2009. Elle a même prêté aux établissements des sommes à 1 % d'intérêt, elles-mêmes empruntées par les particuliers ou les entreprises productives à un loyer multiplier par 3,4 ou 5. Belle culbute grâce à l'argent des citoyens européens !

L'émotion et, disons-le, l'inquiétude, a gagné la Commission de Bruxelles et le commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn a affirmé qu'il ne fallait « pas surréguler » tandis que la ministre espagnol des Finances, la socialiste Elena Salgado dont le pays préside l'UE, a jugé qu'il fallait « éviter d'imposer au secteur financier des charges excessives ». Sachez qu'elle ne visait nullement les bonus des traders ou les dividendes des actionnaires. Elle craignait que les profits financiers servent à financer une politique sociale ou les retraites...

Les instances économiques internationales ont beaucoup moins pitié des peuples. Une équipe du Fonds monétaire international débarque aujourd'hui à Athènes pour imposer des conditions violentes pour l'attribution d'un prêt de quelque 15 milliards d'euros. « Le seul moyen efficace qui reste, a déclaré le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, est la déflation. C'est exactement ce que la Commission européenne a recommandé, fort à propos. Et ce sera douloureux. Cela signifie des salaires en baisse et des prix en baisse. » Le FMI peut citer les autres pays auxquels il a imposé ce joug : la Lettonie, la Roumanie, ou encore leur Hongrie, qui voit l'extrême droite antisémite prospérer sur la misère semée. Avec quelques variantes, concédons-le, c'est aussi la potion amère que le gouvernement français veut imposer concernant les retraites ou la réduction des déficits. Il faut « partager les sacrifices », répètent nos ministres... Toujours plus de travail et moins de salaires pour la population, et beaucoup de compassion du côté des bénéficiaires du bouclier fiscal.

François Aurel

(source l'Humanité)

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