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Mercredi 24 Février 2010:

 

Les régionales

« La Région, un pôle de résistance »

A la tête du Front de gauche Sébastien Jumel place la défense de l'emploi industriel et des services publics au cœur de son programme. Selon lui, la Région doit imaginer une nouvelle façon de faire de la politique avec les « vrais gens ».

Vous faîtes de l'emploi une priorité dans votre programme. Mais comment sauver l'emploi industriel en Haute-Normandie ?

« la Région a une formidable capacité d'expertise. Elle doit mobiliser à la fois ses moyens humains et financiers pour faire vivre et porter ce que les salariés proposent, comme le projet alternatif des ouvriers de Renault-Sandouville que la droite a été obligée de prendre en compte ».

Vous évoquez la nécessité de faire entrer « les vrais gens » dans la gouvernance de la Région. Qu'est-ce que cela signifie ?

« A côté du Comité économique et social, il faut une instance de dialogue permanent entre la Région et les organisations représentatives des salariés et des agents de communauté hospitalière par exemple. Elle permettra d'analyser les mauvais coups portés à l'emploi par la droite et, surtout, de porter des alternatives destinées à contre-carrer cette politique-là. C'est cela la nouvelle gouvernance que nous proposons à l'échelle de la Haute-Normandie ».

est-ce que vous regrettez que la Région ait versé des aides financières à des groupes industriels qui, aujourd'hui, suppriment des postes ?

« Oui la Région l'a fait pour Renault-Cléon par exemple alors que le Département a refusé de le faire. Je regrette surtout – et c'est une proposition que nous portons – que nous n'ayons pas été en mesure de mettre en place une instance de contrôle de l'utilisation des fonds publics et de l'efficacité de ces aides. Nous ne sommes pas contre les aides mais elles doivent être attribuées sous contrôle démocratique et à destination de l'économie réelle et de la formation. Des entreprises comme Aircelle ou Total n'ont pas besoin de recevoir des aides ».

quel bilan tirez-vous de la mandature d'Alain Le Vern avec lequel le parti communiste a partagé la majorité ?

« le bilan n'est pas en question. La crise économique que nous traversons et la politique de Nicolas Sarkozy ont tout désorganisé. Sans vouloir minimiser l'apport des conseillers régionaux communistes sortants, ont voit bien qu'il faut passer aujourd'hui à autre chose : c'est d'un nouveau souffle dont nous avons besoin. C'est ce que propose la gauche combative ».

Comment percevez-vous le fait que la Région soit reconnue pour sa bonne gestion financière. Est-ce rassurant selon vous ?

« Le fait qu'Alain Le Vern ait géré à l'euro près les deniers régionaux ne conduit à penser que nous avons des marges pour investir en matière d'infrastructures routières, ferroviaires, fluviales , et de formations pour les jeunes de la région en se tournant notamment vers le développement du post-Bac afin de réduire les inégalités territoriales. Le brevet de bonne gestion reçu par Alain Le Vern ne semble pas être à la hauteur des enjeux du moment. Les régions ne doivent pas être un outil au service de la droite pour rationaliser les dépenses publiques, elles doivent être un outil pour améliorer la satisfaction des besoins des habitants »

Que faut-il faire en matière routière par exemple ?

« Il faut achever le doublement de la RN 27 jusqu'à Dieppe pour désenclaver le port. Le contournement Est de Rouen doit être fait sans ambiguïté. En même temps, il faut faire en sorte de développer le fret ferroviaire ».

Faut-il un TGV en Normandie ?

« J'ai le sentiment qu'il s'agit d'un gadget électoral apporté par la droite. Que la région ait un jour un TGV, ce n'est pas aberrant mais ce n'est pas pour demain... J'ai rencontré huit mille personnes pour préparer ce programme ; l'enjeu pour les habitants est de développer les transports régionaux, de favoriser le maillage territorial, d'améliorer les correspondances, de rénover les gares... C'est l'une des priorités régionales de demain ».

Si l'Etat prend la décision de construire la ligne ferroviaire à grande vitesse et que vous êtes aux commandes, financerez-vous le projet ?

« A la condition qu'on ait fait tout le travail avant sur le maillage du territoire pour favoriser les transports publics ».

Faut-il réunifier les deux Normandie ?

« Vue par la droite, la réunification de la Normandie est un artifice politicien pour confisquer le pouvoir. De manière très pragmatique, nous pensons qu'il faut développer les coopérations entre les territoires. Une région ne doit pas vivre en autarcie, mais ce n'est pas actuellement la préoccupation essentielle des gens ».

Et le Grand Paris, c'est une bonne idée ?

« Vu par Bruno le Maire, il s'agit de relier entre eux les centres d'affaires en même temps que la casse industrielle se poursuit et qu'on accentue la désertification des autres territoires. Ce n'est pas notre tasse de thé ! ».

Comment pouvez-vous vous retrouver avec le PS et Europe Écologie au second tour alors que vous préconisez d'investir pour les routes et le contournement Est de Rouen, sans parler de la construction de l'EPR ?

« Le rassemblement dépendra du résultat de la gauche combative au premier tour. Plus nous serons forts au premier tour, plus nous pourrons impulser une vraie politique de gauche. Sur le contournement Est par exemple, il y a un accord avec le PS mais pas avec les Verts. Il y aura une majorité qui se dégagera. Si on multiplie les allers-retours permanents avec les habitants qui nous disent ce qui est bon pour eux, nous dépasserons les clivages ».

N'avez-vous pas le sentiment de trop « nationaliser » la campagne des régionales ?

« Les régions ne doivent pas être une salle d'attente pour la présidentielle de 2012. Elles doivent être des pôles de résistance et des points d'appui pour construire une véritable alternative à l'échelon national. Les régions ne sont pas coupées de la politique nationale ».

Si vous êtes élus à la région, vous serez touché par le cumul des mandats. Quel choix ferez-vous entre votre poste de conseiller général et celui de conseiller régional ?

« Je suis maire de Dieppe, une ville que j'ai profondément dans le cœur. Je choisirai le mandat le plus utile aux intérêts des habitants du territoire que je représente ».

Propos recueillis par Stéphane Siret

(source le havre libre)

 

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