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Vendredi 3 Septembre 2010:

Jeunes et vieux, même combat

Lors d'un débat devant l'usine Snecma de Colombes (92) avec Bernard Thibault, hier, les ouvriers ont exprimé leur solidarité avec les plus jeunes.

C'est la pause déjeuner et l'heure est à la solidarité dans l'usine de la Snecma et de sa filiale Hispano-Suiza à Colombes, dans les Hauts-de-Seine. Entre ouvriers et syndicats d'abord, car c'est attentifs et silencieux qu'ils grignotent leurs sandwichs pendant l'allocution de Bernard Thibault, venu parler retraites avec eux. François, comme nombre de ses collègues, attend beaucoup du secrétaire général de la CGT : « On est derrière lui et on lui fait confiance, alors faudrait pas qu'il nous déçoive. » Et c'est loin d'être l'intention de celui qui dénonce la réforme des retraites, « cette régression sociale injuste autant qu'inefficace ». Pour Bernard Thibault, la loi vise « à faire des économies sur les retraites sans répondre à la vraie question : quels moyens financiers mobiliser dans le pays pour verser les pensions ? » Et là-dessus, les métallos sont clairs. Tous âges confondus, ils désignent le même coupable. Denis, un ouvrier, s'énerve : « La faute aux banques, aux actionnaires, au gouvernement, tout ça. Ils jouent à la Bourse avec nos vies ! » Mais pas seulement les leurs, celles de leurs enfants aussi, car « l'avenir n'est pas rose pour eux », déplore José Tavares, clouteur. Car même si peu de jeunes ont pu sortir de l'usine pour écouter le secrétaire général, conditions de précarité obligent, l'ancienne génération compte bien se battre avec eux. « Il faut tous se mobiliser, jeunes comme vieux, sinon quoi, ils vont tout nous bouffer : la retraite, la Sécu, les congés payés », réplique François.

« J'irai jusqu'au bout, je le dois à mes gosses », ajoute José. Car les métallos ont bien conscience qu'en travaillant plus longtemps, ils prennent des places aux jeunes plus encore qu'ils n'assurent leur retraite. Pour eux, la réforme « c'est priver [les jeunes] de travail, les mettre à la porte ». D'autant plus qu'« arrivé à un âge avancé, on perd de la capacité de travail », rappelle une salariée. Voilà pourquoi les uns comme les autres se disent tous solidaires dans la lutte. Jeunes comme vieux, syndiqués comme non syndiqués, tous secteurs de travail confondus. Ce qui ne saurait déplaire au secrétaire général de la CGT, bien au contraire : « L'enjeu est important, l'heure est grave (…) on doit tous ensemble dire non », scande-t-il. Et de la solidarité, à la Snecma, il y en a.

Alice Cazes-Tinot et Louis Ramos-Ibanez

(source l'Humanité)

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