Jeudi 27 Mai 2010:
Isotherma, usine fantôme
Social. Officiellement en activité jusqu'au 15 juin, le site de Montivilliers n'abrite plus qu'une poignée de salariés.
Aujourd'hui, une trentaine de salariés d'Isotherma doit se rendre à Verneuil-sur-Avre dans l'Eure. Au programme, manifestation devant la mairie dirigée par leur désormais ancien patron : Louis Petiet, PDG du groupe Bernard Kief Consulting, dont la reprise de l'entreprise montivillonne s'est soldée par une liquidation judiciaire vendredi dernier. « On va leur montrer ce que leur maire nous a fait », lâche Frank Weber, chef d'équipe chez Isotherma. La même démarche avait déjà été entreprise en février, alors que la grève battait son plein pour obtenir le paiement d'arriérés de salaires. Depuis, l'inexorable chute de l'entreprise n'a pu être enrayée.
« C'est la débâcle »
L'entreprise mettra la clé sous la porte officiellement dans trois semaines, après plus de soixante ans d'activité. Le tribunal de commerce du Havre lui a accordé un mois d'activité, le temps d'évacuer les derniers chantiers sur lesquels la société était encore engagée.
Dans les faits, les salariés ont été priés de rester chez eux dès cette semaine. Tous sauf ceux des services paie, logistique et facturation. Dans les bureaux où s'activent encore des employées chargées du versement des derniers salaires, « ces la débâcle », se désole l'une d'entre elles. « On nous a demandé de gérer ici les 360 (le nombre total de salariés que compte Isotherma en France, soldes de tout compte de l'entreprise ! Nous ne sommes pas sûres d'y arriver. »
Trois derniers ouvriers
L'annonce de la liquidation était attendue, voire espérée. Maintenant digérée, il reste « un sentiment d'injustice», indique une autre employée. Vis-à-vis du pouvoir politique, comme judiciaire. L'enquête de la brigade financière sollicitée par les représentants du personnel, elles n'y croient pas beaucoup.
Dans l'usine-fantôme Isotherma, Patrick, Vincent et Jacky discutent. Responsables de la maintenance amiante, ils sont les trois derniers ouvriers en activité sur le site fantôme de Montivilliers. « Nous attendons notre lettre de licenciement pour pouvoir nous engager ailleurs. » Pour ce qui est de trouver un nouveau job, « on est confiant !». Sauf Jacky, peut-être. Il est âgé de 52 ans.
Isotherma cessera ses activités le 15 juin. Seuls les délégués du personnel y resteront quelques jours de plus. Ce sont eux qui fermeront les portes de l'entreprise. Définitivement.
Thomas Dubois
(source le havre libre)