> Presse  —>Isotherma : Trois dirigeants séquestrés

 

Jeudi 6 Mai 2010:

 

 

Social. Une trentaine de salariés de l'usine Isotherma de Montivilliers, en grande difficulté financière, retenaient hier soir des cadres de leur entreprise.

Trois dirigeants séquestrés

La goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Hier, en apprenant le montant des primes qu'auraient reçues en mars dernier deux de leurs dirigeants, à savoir 9 000 € et 7 500 €, le sang des salariés d'Isotherma, à Montivilliers, n'a fait qu'un Tour.                                                                                                                                                                                           « On a décidé de les séquestrer alors qu'ils sortaient d'une réunion avec notre administrateur judiciaire », raconte le délégué CGT Bernard Darreau. Fait rarissime dans la région, trois cadres ont été ainsi retenus dès 14 heures dans les locaux de l'usine. Les deux hommes qui auraient touché des primes : le directeur administratif et financier ainsi qu'un cadre de l'ouest de la France. Et Gilbert Baup, secrétaire général d'Isotherma. Hier soir, sur la trentaine de salariés bloquant les portes du site, la moitié s'apprêtait à y passer la nuit. « Il est alors de questions de les laisser sortir ! », Lançait Bernard Darreau. Le procureur de la République Francis Nachbar et son adjoint François Pucheus sont venus se rendre compte de la situation en compagnie du commissaire central du Havre Michel Lavaud et du service de l'information générale (ex-renseignements généraux).

300 000 euros attendus

La mise en redressement judiciaire d'Isotherma a été prononcée vendredi dernier par le tribunal de commerce du Havre, après plusieurs mois de tensions sociales. « Nous exigeons que les cadres remboursent sur le compte de l'entreprise l'argent de ces primes, déclare Bertrand Darreau. Nous voulons aussi que des experts-comptables soient nommés, et qu'Isotherma soit déclaré en liquidation judiciaire ! »                                                    Dans la salle de repos où ils étaient retenus, aucun des trois cadres n'a souhaité faire de commentaires.              « Visiblement c'est une situation à la mode », lâchera seulement Gilbert Baup, mine grave, sous le regard perçant de salariés dressés face à lui. D'après certains d'entre eux, il se serait engagé à ce que soient versés les 300 000 € attendus pour les prochains salaires. Les autorités se sont rendus dans les locaux pour un dernier dialogue, avant de s'en aller, à l'exception d'un fonctionnaire, vers 21 heures, sans que les cadres soient libérés. Sur le parking, le barbecue chauffait.                                                                                                                                Un comité d'entreprise extraordinaire devait se tenir ce matin.

Thomas Dubois et Arnaud Rouxel

(source le havre libre)

Trois mois de tension

La séquestration de trois cadres entamée hier après-midi demeure le paroxysme d'une tension sociale vécue depuis près de trois mois chez Isotherma. En février, une majorité des 200 salariés basés à Montivilliers mena une grève de onze jours comme ultime recours à la soudaine dégringolade de leur entreprise : arriérés de salaires, mutuelles non réglées, fournisseurs non payés, etc.                                                                                        La société Isotherma est détenue depuis 2008 par le groupe Bernard-Krief Consulting. Son PDG Louis Petiet, par ailleurs maire de Verneuil-sur-Avre, s'est taillé une réputation de repreneur d'entreprises en difficulté. Réputation de plus en plus controversée à la lumière des échecs vécus récemment par l'équipementier automobile charentais Heuliez...et aujourd'hui Isotherma.                                                                                               En mars, le tribunal de commerce du Havre avait lancé une procédure de sauvegarde, censée fournir aux dirigeants une dernière chance de redresser la barre. Celle-ci s'est conclue par la mise en redressement judiciaire vendredi. Entre-temps, les salariés de l'entreprise spécialisée dans le désamiantage et l'isolation avaient repris tant bien que mal le travail, sur des chantiers où il manquait parfois les matières premières.

(source le havre libre)

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