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Mardi 14 Septembre 2010:

Inquiétude au triage de Sotteville

SNCF : la réforme du fret ferroviaire débutera à la fin de l'année.

La sauvegarde d'un site, d'emplois et d'une tradition cheminote sur la rive gauche de Rouen s'opposent aujourd'hui les lois du marché, de la rentabilité et de la concurrence auxquelles l'entreprise Fret SNCF ne peut échapper. Début 2011, ses neuf nouveaux projets industriels entreront en vigueur : un investissement lourd de 7 milliards d'euros de l'État et d'un milliard pour la SNCF. Avec, notamment la priorité de réussir la nouvelle offre de wagons isolés : une pratique de tri en perte de vitesse (380 000 en 2009, 300 000 en 2010) et dont l'exploitation par le réseau maillé du territoire français coûte à l'entreprise 650 millions de frais d'exploitation, dont 400 millions de coûts fixes. Cette réorganisation est indispensable pour Sylvie Charles, la directrice de Fret SNCF. Mais elle s'affronte à l'inquiétude des cheminots qui redoutent la perte d'activité, synonyme à terme de diminution de postes.

« Sotteville est devenue une plateforme, une gare relais »

Comme dans d'autres gare de triage en France, les cheminots de Sotteville-lès-Rouen ont monté un groupe pour sauvegarder le site à travers leur Comité d'établissement (CER). « Depuis 2003, le triage a évolué. Nous sommes passés des 3x8, au 2x8 puis au 1x8. C'est le déclin du triage amorcé depuis la fermeture de la Compagnie nationale des conteneurs », résume Luc Delestre, secrétaire du comité d'établissement régional (CER SNCF) et adhérent de la CGT.

« En avril 2010, nous avons arrêté le fret par gravité, une technique qui, par la ventilation des wagons, permettait de reformer des trains. » Actuellement, le combiné domine. Essentiellement du trafic de conteneurs, vides ou pleins, qui vont et viennent entre Port 2000 au Havre et le centre de triage. La réforme « wagon isolé » inquiète aussi les syndicalistes car elle réduira fortement l'activité du site sottevillais. « Aujourd'hui, ce mode de tri a lieu une fois par jour, une vingtaine de wagons seulement alors que nous avons sur le site une capacité de 2500 wagons, l'équivalent de 4000 camions. L'activité logistique, sur la plate-forme de Saint-Étienne-du-Rouvray, c'est 6000 camions/ jour ! Le fret ferroviaire a un rôle à jouer, nous sommes aussi dans l'optique du Grenelle de l'environnement », constate Philippe Béguin, président de la commission économique du CER SNCF.

Ce « déclin » du fret est, selon lui, voulu par sa direction : « elle veut créer trois hubs dans le Nord, près de Lyon et en région parisienne. Sotteville est devenue une plate-forme, une gare relais. Actuellement c'est le blé ! » Sur le faisceau de la gare de triage long de 4 kilomètres et mis en service en 1961, 41 voies de réception et 18 voies de tri servent aussi au stockage de dizaines de locomotives. Des terrains qui appartiennent à RFF. Quel avenir ? Seront-ils vendus un jour comme la gare de triage de Soquence au Havre où se construit actuellement le futur grand stade de football ? « Un engagement de maintenir le site en l'état pendant six ans », répond Philippe Béguin. Fin avril, le CER a interpellé élus et parlementaires : « Le fret ferroviaire ne cesse de diminuer en France. 14 % en 2008, 11 % en 2010. C'est 3600 cheminots fret en moins. À l'échelon local cela peut avoir des incidences sur les autres métiers : équipement, ateliers de Quatre-Mares, traction, exploitation, circulation... Sur Saint-Étienne-du-Rouvray et Sotteville-lès-Rouen, cela représente 2000 emplois cheminots ! »

Alain Lemarchand

(source le havre libre)

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