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Vendredi 11 Juin 2010:
Les infos de France 3 sur la sellette La Société des journalistes (SDJ) de France 3 dénonce l'absence de projet de sa direction, alors que la chaîne voit fondre l'audience de ses journaux télévisés depuis deux ans. Ce sont près de 200 journalistes de la rédaction nationale de France 3 qui devaient être consultés, hier soir, à l'appel de la Société des journalistes (SDJ) pour une motion portant sur deux questions : « Accordez-vous votre confiance à la direction des journaux nationaux ? » et « Souhaitez-vous une refonte ambitieuse et innovante des éditions nationales du 12/13 et du 19/20 ? » À l'origine du malaise, la perte de 500 000 téléspectateurs en deux ans pour les JT de la chaîne publique. Si, selon Yann Fossurier, président de la SDJ, l'audience des journaux décline « mécaniquement avec la concurrence de la TNT, la chute est plus marquée sur France 3 ». Celui-ci dénonce surtout « l'absence de réaction de la part de la direction » et regretteque rien n'ait été retenu du nouveau projet éditorial proposé par la SDJ, sous forme d'un « livre blanc » en juin 2009. « On ne doit pas s'aligner sur les rythmes des chaînes d'info en continu. Pour donner une plus-value à nos sujets, il faut être capable d'aller plus loin, faire de vrais reportages avec un format supérieur à deux minutes, explique le président de la SDJ. Il ne faut pas avoir peur de traiter de sujets plus complexes et ne pas tomber dans la seule information institutionnelle. » Pour Laurent Bignolas, présentateur du 19/20 sur France 3, « il est très sain que chacun puisse s'exprimer sur ces questions », mais il pointe également « le virage financier » qu'a dû prendre la chaîne avec les économies draconiennes imposées au service public. « À une époque, je présentais des JT devant 8 millions de téléspectateurs ! C'est une époque révolue. Sans faire de suivisme, nous devons nous interroger sur ce que les gens ont envie de voir, tout en délivrant une info sérieuse et de qualité », explique le journaliste. « Je sais par ailleurs que la direction a entamé une réflexion pour une refonte des journaux télévisés, mais tout ne se fera pas en claquant des doigts. » Si, pour Jean-François Téaldi, responsable CGT pour l'audiovisuel public, la concurrence de la TNT est un des motifs de l'érosion d'audience, « il ne faut pas s'arrêter là. Il y a aussi la nécessité de plus de diversité dans l'information si l'on veut satisfaire notre public. Si l'on prend l'exemple du débat sur les retraites, nous avons essentiellement relayé la pensée gouvernementale, estime le syndicaliste. Pourquoi ne pas avoir donné la parole à des économistes de gauche comme le socialiste Liêm Hoang-Ngoc, ou Jacques Généreux, du PG, ou encore le communiste Denis Durand ? ». Alors que la succession (ou le maintien) du PDG de France Télévisions, Patrick de Carolis, dont le mandat prend officiellement fin le 21 août, est dans toutes les têtes, Yann Fossurier précise : « Le temps des journalistes et celui des téléspectateurs n'est pas celui de la direction ; on ne peut pas, en attendant les nominations ou les reconductions, rester dans l'inaction ! » Frédéric Durand (source l'Humanité)
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