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Mercredi 5 Mai 2010:
L'Iliade : une fin au goût amer Théâtre. Privée de subventions, l'Iliade doit fermer sa maison du conte. L'occasion de revenir sur six années d'activités. « Pourquoi vouloir nous faire mordre la poussière ? » Au nom de l'Iliade, Pierre Malon, directeur artistique et Delphine Beyrand, administratrice des lieux, les deux derniers salariés de l'association dédiée à l'art du conte, voudraient comprendre. Pour boucler les comptes de l'association, contrainte de fermer (lire par ailleurs), L'Iliade a demandé 30 000 euros à la Ville. Au lendemain du conseil municipal du 30 mars dernier (lire notre édition du 31 mars) elle on obtient 20 000 €. Pour solde de tout compte. Pas suffisant, selon elle, pour mettre dignement la clef sous la porte. « Salaires et primes de licenciement ne seront pas versés, des fournisseurs pourraient ne pas être payés... » regrette Delphine Beyrand. Aujourd'hui, ils ne décolèrent pas et estiment avoir été abandonnés. « Nous avons joué un rôle » « Lorsqu'en janvier 2010 la Ville nous a dit qu'elle n'aiderait plus L'Iliade, qu'elle avait d'autres projets à financer, nous avons pris acte de son choix politique », explique Pierre Malon. Pour lui, les critiques « sur le contenu, le bilan, le travail réalisé sur la ville ont débuté à ce moment ». « Si notre travail n'était pas intéressant, pourquoi nous avoir subventionnés durant six ans ? » s'interroge Delphine Beyrand. « Car nous n'avons eu aucun complémentaire de la Ville, comme de nos autres partenaires, lorsque nous avons, à leur demande, revu notre projet » (NDLR : pour faire face à une réduction du budget consécutif à un premier désengagement de la Drac). Amer, Pierre Malon évoque un acharnement municipal, « pour être sûr de ne plus jamais entendre parler de nous ». L'Iliade a le sentiment dans cette triste fin d'avoir fait l'objet « de basses manœuvres. Nous avons joué un rôle pendant cinq ans dans une vague transformation de quartier...Aujourd'hui la Ville n'a plus besoin de nous ». « Il n'y a pas d'acharnement » « Il n'y a pas d'acharnement » assure l'adjointe chargée de la culture. Les services de la Ville ont estimé qu'avec 20000 €, il y avait largement de quoi solder. » Pas de scrupules non plus du côté de Chantal Ernoult. « L'Iliade a été créée dans le prolongement du Métis. J'y ai cru, je suis allée personnellement chercher les subventions. » Sur les reproches faits à l'association, l'élue assume : « Depuis 2008, l'association s'est faite discrète et ne remplissait plus ses missions. Je n'ai aucun état d'âme. » Aucune réserve Du côté de la Région, autre principal financeur, aucun reproche n'est à faire à l'association. « On ne donne pas, chaque année, 35 000 € à une association sans évaluer ses activités », assène Alain Le Vern. Et, en la matière, le président du conseil régional est sans retenue. « Des évaluations du travail accompli sont effectuées tous les ans et nous n'avons jamais porté aucune réserve sur L'Iliade. » Pour autant, la Région « n'a pas vocation à se substituer aux collectivités. Si la Ville se désengage, nous ne pouvons pas compenser ce retrait... C'est à la Ville seule d'accompagner l'association vers la sortie. » « Rétablir la véritable histoire de ce lieu » Avant de refermer définitivement la porte, les adhérents et sympathisants de la maison du conte et des arts du récit se retrouveront le 15 juin pour une soirée cabaret. « L'occasion de rétablir la véritable histoire de ce lieu », prévient Pierre Malon. Marie-Christine Urset (source le havre libre) Un assèchement progressif Créée en 2004, L'Iliade reprend le flambeau du Métis, un espace créatif qui officiait dans un ex-entrepôt du quartier de l'Eure. L'association ouvre sa maison du conte, la cinquième du genre à l'époque en France, et développe les arts du récit. En deux ans d'activité, la structure se professionnalise dans de nouvelles formes de spectacles vivants. Elle développe un volet pédagogique, stages, formation professionnelle vers les bibliothécaires notamment, tout en proposant une programmation théâtrale et en effectuant un travail hors les murs. L'Iliade a alors quatre permanents et une cinquantaine d'adhérents. Un budget de près de deux 250 000 €, des frais de fonctionnement représentant 55 à 60 % des charges du budget. Silence radio Les soucis financiers et de L'Iliade débutent en 2008. « La Drac réduit sa subvention de 40 %, en évoquant des restrictions budgétaires », explique Pierre Malon. « Nous avons dès lors fait l'objet d'une politique d'assèchement progressive. En deux ans, le conseil général, évoquant les mêmes raisons, nous retire toutes ses aides. » Moins de partenariats extérieurs, entraînant moins d'aides. À l'été 2009, l'Iliade doit requalifier son projet. « Nous avons fait de nouvelles propositions : réduction de la masse salariale et des projets hors les murs... sans remarques de la part de nos partenaires. Silence radio jusqu'en janvier 2010. » C'est à ce moment que la Ville, à son tour, lâche L'Iliade. « En deux ans, nous n'avions jamais entendu parler du bilan de L'Iliade, personne ne s'est plaint de l'utilisation de l'argent. » Un bilan que l'association défendra le 15 juin lors d'une soirée spéciale, avant de refermer définitivement ses portes. (source le havre libre)
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