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Samedi 31 Juillet 2010:
Les hôpitaux du sud de la France au bord de la rupture De Marseille à Nice, les personnels des hôpitaux dénoncent les graves difficultés liées au manque d'effectifs durant l'été. Ils demandent parfois eux-mêmes la fermeture de lits pour raison de sécurité. Une situation plus que catastrophique. « Veiller à ce qu'une personne âgée boive suffisamment ou lui donner deux douches par jour, comme c'est recommandé en cas de grosse chaleur, sont devenus des missions impossibles », assure Delphine Girard, infirmière et responsable CGT de l'hôpital l'Archet du CHU de Nice (Alpes-Maritimes), pour illustrer les graves difficultés dans lesquelles se débattent, en période estivale, les personnels hospitaliers. À l'autre bout de la région la plus touristique de France, Yves Castino, porte-parole de la CGT santé, décrit une situation « plus que catastrophique » dans les quatre hôpitaux de l'Assistance publique à Marseille (Bouches-du-Rhône). La sécurité des patients avant tout Le service de réanimation de La Timone, par exemple, compte six infirmières arrêtés pour congés ou maladie. Il n'en reste que cinq, qui tournent 24 heures sur 24, alors qu'il en faudrait trois du matin et trois de l'après-midi. « On prend des risques pour des patients, alors on en vient parfois à demander nous-mêmes la fermeture de lits, pour cause de manque de personnel ! » s'indigne Yves Castino. « C'est un dilemme » renchérit Delphine Girard, « car cela va induire une baisse d'activité qui ne sera pas sans conséquences sur l'équilibre budgétaire du CHU, mais la sécurité des patients passe avant tout ». C'est le monde à l'envers : les personnels demandent à l'administration des fermetures de lits supplémentaires ! Le 1er juillet, la ministre de la Santé avait pourtant assuré que 95 % des lits resteraient ouverts en juillet et 90 % en août. Aussitôt contredite par le docteur Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers (Amuf), qui estimait que le nombre de lits fermés pouvait aller jusqu'à 30 % dans certains établissements de la Côte d'Azur. Une donnée qui n'a pas été immédiatement confirmée à la CGT et pour cause : la direction du CHU de Nice n'est plus dans l'obligation de fournir le détail des fermetures opérées. Après avoir insisté pour obtenir ces données le syndicat a eu connaissance de 40 lits supplémentaires supprimés par rapport à l'an dernier (297, contre 247), les services de neurosciences cliniques et spécialités médicales étant particulièrement touchés. Des mesures pas anodines dans cette ville touristique où les urgences accueillent 280 à 350 personnes par jour, soit trois fois plus qu'en période normale. A Nice, on dénonce un fonctionnement « à flux tendus de pire en pire » et des services « qui ne tiennent que grâce aux heures supplémentaires ». À Marseille où, « en temps normal » il manquerait, selon les syndicats, entre 800 et 1000 personnels à Sainte- Marguerite et dans les établissements qui ont des services d'urgences (La Timone, Conception, hôpital Nord), on s'inquiète d'un recours massif à des intérimaires pour faire face a une « accumulation importante de patients », du fait notamment des fermetures de lits dans les hôpitaux de proximité de la région. « Une infirmière qui travaille sept week-ends d'affilée, ou une autre qui perd connaissance en service, une aide-soignante qui arrive au travail en pleurs, ce ne sont plus des cas exceptionnels ! » souligne Yves Castino. Il se dit « très inquiet » en cas d'afflux supplémentaire de malades ou de blessés, lors d'une catastrophe du genre canicule. Si un « plan blanc », mesure d'urgence du plan canicule, était déclenché, du personnel serait réquisitionné par le préfet. Au vu des conditions de travail, il s'agirait, plutôt que de renforcer les équipes soignantes, de suppléer un personnel « de plus en plus épuisé ». Philippe Jérôme (source L'Humanité du vendredi 30 juillet)
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