Lundi 21 Juin 2010:
Éditorial
Un ferment pour la gauche
Par Patrick Apel-Muller
Évidemment, cela détonne. La femme du trésorier du PCF ne gère pas l'une des principales fortunes de France. Pierre Laurent n'achète pas pour 13 000 euros de cigares aux frais du contribuable et il ne cumule pas plusieurs retraites avec une mission présidentielle dorée. Aucun de ses amis ne bénéficie d'un de ces emplois douillets réservés par les multinationales du CAC 40 aux responsables politiques qui les ont bien servis. On n'en connaît pas qui, à la tête d'une prestigieuse institution internationale, saigne à blanc tous les peuples que leurs oligarques ont endettés. Un certain journalisme de caserne trouve ce plat trop fade, il y manque quelques sourdes intrigues ponctuées de phrases assassines. Le congrès du PCF était studieux, concentré, grave même. Un certain sens des responsabilités... L'offensive sarkozyste est si dure pour la majorité de notre peuple ! Marie-George Buffet s'est d'ailleurs adressée à l'ensemble de la gauche pour qu'elle s'engage à fond au côté des organisations syndicales, le 24 juin, pour défendre le droit à la retraite à soixante ans. C'est le rendez-vous de la semaine mais il n'est pas besoin de chercher beaucoup pour trouver au moins un par jour qui exige de résister à la contre-réforme que l'Élysée pilote au profit du Medef.
La crédibilité même de ces mobilisations
Exige de regarder au-delà de la ligne d'horizon, vers une société libérée de la concurrence ou de la guerre économique de chacun contre l'autre, de la privatisation généralisée qui prive la plupart des fruits des progrès et qui menace l'avenir de l'humanité. La faillite des réponses capitalistes à la crise, la relance des mêmes mécanismes désastreux par les puissants de la planète, incitent à chercher d'autres voies pour le développement humain.
Les communistes, devant les difficultés qu'ils rencontrent, auraient pu se réfugier dans un songe creux, drapés dans leur idéal. Ils ont choisi dans leur diversité de ne pas repousser les changements aux calendes grecques mais de rassembler inlassablement pour que ça change vraiment. Une nette majorité d'entre eux voient dans un Front de gauche élargi le ferment d'une nouvelle unité populaire. Beaucoup reste à faire dans le champ de la gauche et au coeur de notre peuple, d'abord là où il souffre le plus et se sent délaissé par la politique. Beaucoup ont perdu confiance dans l'avenir, certains ont renoncé à l'ambition de changer la société. C'est à eux, à tous les citoyens que s'adresse la proposition de construire un pacte unitaire.
Ce chantier immense implique bien d'autres débats, bien d'autres combats que les boursouflures d'ego et les querelles d'hommes à quoi, trop souvent, la vie publique est réduite. Il nécessite de se tourner vers les autres avec audace et de se transformer.
Ce week-end, le PCF s'est élancé des starting-blocks. L'arrivée est encore loin. Il va falloir qu'il se montre à la hauteur du défi qu'il s'est lancé.
(source l'Humanité)