> Presse —>"Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites" |
Dimanche 18 Avril 2010:
« Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites » La fondation Copernic et ATTAC viennent de lancer une pétition (1) pour une « vaste mobilisation citoyenne » sur les retraites. Un appel signé par plus de 500 personnalités. Extraits. Le gouvernement français s'apprête à engager une nouvelle réforme qui risque de porter un coup fatal au système de retraites par répartition en jurant une fois de plus que c'est pour le sauver. Le bilan des réformes menées depuis 1993 et déjà catastrophique car toutes les dispositions prises (…) ont fait baisser le niveau des pensions d'environ 20 %. Elles ont aggravé les inégalités déjà fortes entre les pensions des hommes et des femmes. Le conseil d'orientation des retraites (COR) prévoit que le taux de remplacement moyen – le niveau de la retraite par rapport au salaire – passerait de 72 % en 2007 à 59 % en 2050. Cette dégradation continuera donc de frapper les actuels retraités et touchera également les générations suivantes. Malgré ce bilan désastreux, le gouvernement veut aller encore plus loin en supprimant l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans en le portant à 62, voire 65 ou 67 ans, comme le demande le MEDEF, et en remettant en cause le calcul sur les six derniers mois d'activité des retraites du secteur ce public. Les jumelées avec un nouvel allongement de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein, ces mesures condamneraient à la pauvreté la plupart des futurs retraités, surtout les femmes et tous ceux et celles qui ont connu et connaîtront des périodes de chômage et de précarité importantes. Ce sont les salariés les plus jeunes qui subiraient les effets cumulés de ces orientations au moment de partir à la retraite. (…) Exiger que les salariés travaillent et cotisent plus longtemps, alors que l'âge moyen de cessation d'activité est de 59 ans, ne vise qu'à baisser le niveau des pensions. De plus, cette logique remet en cause la solidarité intergénérationnelle. Il n'y a aucun sens à augmenter l'âge de la retraite alors que le chômage de masse sévit pour les jeunes. Au lieu de voir dans la retraite par répartition une transmission perpétuelle et solidaire de la prise en charge d'une génération par la suivante, le gouvernement et le patronat, afin d'attiser la division, la stigmatisent comme un fardeau pour la seule génération à venir. Le danger ne s'arrête pas là. Le COR dessine les contours d'une réforme pour remplacer notre système par un autre « par points » ou « par comptes notionnels ». Dans les deux cas, il s'agirait de ne plus avoir à assurer un taux de remplacement du salaire défini à l'avance et de faire de la variation du niveau des pensions, le moyen d'équilibre financier des régimes. (…) La vraie raison des mesures qui s'annoncent n'est pas liée à la démographie. La crise financière a provoqué une récession, donc une flambée des déficits publics. Les états continuent benoîtement à financer leur déficit en empruntant sur ces mêmes marchés financiers qui ont provoqué la crise. Réduire ces déficits pourrait se faire par une taxation du capital. Mais les spéculateurs refusent évidemment cette solution, demandent que les états donnent des gages et exigent une réduction des dépenses publiques. Une alternative à cette régression sociale existe pourtant. À moins de décréter la paupérisation des retraités, il est normal de couvrir les besoins sociaux liés à l'augmentation de leur part dans la population par un accroissement des prélèvements sur la richesse produite. Les déficits des caisses de retraite sont essentiellement dus au refus obstiné de le faire. Pourtant, le besoin supplémentaire de financement nécessaire aux retraites est réalisable puisqu'il a été chiffré en 2007 par le COR entre 1 et 2 points de PIB jusqu'en 2050, à comparer avec la chute de la part de la masse salariale de 8 points au cours des dernières décennies et avec l'explosion correspondante des dividendes, qui sont passés de 3,2 % du PIB en 1982 à 8,5 % en 2007. Il est donc Juste d'augmenter la part des salaires et des pensions dans la richesse produite en s'attaquant aux profits. Le financement des retraites est possible à condition d'en finir avec l'actuel partage éhonté de la richesse au bénéfice des revenus financiers. C'est ce partage qui constitue le tabou à faire sauter, et non l'âge de départ. Il s'agit là d'un choix politique de justice et de solidarité. La question des retraites pose celle de la société dans laquelle nous voulons vivre. Nous ne pouvons accepter la paupérisation programmée des futurs retraités, l'idéologie absurde du « travailler toujours plus » et la destruction des solidarités sociales. Nous souhaitons contribuer à une vaste mobilisation citoyenne (réunions publiques, appels locaux...) Pour stopper cet engrenage. (1)www.exigences-citoyennes-retraite.net/ (source l'Humanité)
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