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Mardi 22 Juin 2010:

Elles galèreront deux ans de plus

Si le projet de réforme prévoit un léger mieux en prenant en compte les indemnités du congé maternité, les mesures d'âge pénaliseront lourdement les femmes.

Le chiffre

40 % : C'est le niveau de l'écart entre la pension moyenne des femmes et celle des hommes (979 euros, contre 1625 euros). Source : Dress.

C'est l'une des rares mesures positives du projet de réforme : les indemnités journalières perçues pendant le congé maternité, qui n'entraient pas jusqu'alors dans le salaire de référence utilisé pour le calcul de la retraite, seront désormais prises en compte. Saluée par les féministes comme une « mesure compensatoire juste », cette disposition fait très pâle figure au regard du fossé qui sépare les femmes des hommes en matière de retraite. D'autant que les mesures phares de la réforme les pénaliseront davantage.

Si les femmes perçoivent une pension moyenne inférieure de 40 % à celle des hommes, elles le doivent aux inégalités cumulées tout au long de leur carrière. Plus touchées par le chômage, elles forment les gros bataillons des temps partiels, des emplois précaires, restent souvent cantonnées dans des emplois peu qualifiés, mal rémunérés, et discriminées dans l'accès aux responsabilités. Sans oublier les tâches domestiques, dont elles gardent le quasi-monopole. Résultat, au moment de la liquidation de la retraite, moins d'une femme sur deux

(44 %) est en mesure de valider une carrière complète, contre près de neuf hommes sur dix (86 %). À la clé, une pension elle aussi incomplète. Dès lors, le report de l'âge légal à 62 ans et l'allongement de la durée de cotisation à 41,5 ans auront pour effet d'allonger les périodes de chômage ou de précarité, et d'impacter en proportion leur pension. Seules 4,3 % des femmes de plus de 60 ans sont en emplois...

Ce n'est pas tout. Pour limiter l'impact de leur carrière sur la retraite et, précisément, éviter de subir la décote appliquée pour trimestres de cotisation manquants, environ 30 % des femmes attendent leurs 65 ans pour liquider leurs droits, et bénéficier de la garantie, prévue par la loi, d'une pension à taux plein quel que soit leur nombre de trimestres. Le report du seuil du taux plein de 65 à 67 ans amènera ces femmes à patienter deux ans de plus, qui pour le plus grand nombre d'entre elles, seront des années d'inactivité.

La priorité, pour améliorer les retraites des femmes, devrait être intensifier l'action pour l'égalité professionnelle. Le projet de réforme évoque le sujet, mais se contente d'une mesure sans grande portée : la sanction financière des entreprises d'au moins 300 salariés qui ne respectent pas la loi leur imposant un « diagnostic » de la situation comparée des femmes et des hommes. Mais l'absence de négociations et d'engagements pour atteindre l'égalité et, a fortiori, le non-respect de tels engagements resteront impunis...

Yves Housson

(source l'Humanité)

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