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Dimanche 29 août 2010:
Éditorial Une bonne nouvelle Par Michel Guilloux Pour reprendre l'expression de Jean-Baptiste Prévost, le président de l'Unef, hier après-midi, on ne va pas bouder notre plaisir. Par les temps qui courent, et c'en est un premier symptôme, voir le président de la République reculer n'est pas anecdotique. De quoi s'agit-il ? Souvenez-vous, c'était au tout début de l'été, alors que perçaient les premières pistes d'attaques budgétaires contre les seuls avantages qui ne profitent pas aux privilégiés du bouclier fiscal. C'était au moment où, sortant de leurs examens, étudiants ou nouveaux bacheliers se mettent en quête d'un logis dans cette France sarkozyste qui n'a pas plus tenu ses promesses en la matière que pour celles visant le monde du travail. Le gouvernement pariait alors sur la torpeur estivale pour faire passer à la sauvette, en commission parlementaire, le projet de loi contre les retraites. De même, il envisageait de sommer les parents de ces jeunes en formation de choisir : ou bénéficier de l'aide personnalisée au logement, ou perdre la demi-part d'impôt pour enfant à charge. C'est toujours l'été mais depuis lors, les révélations accompagnant l'affaire Woerth-Bettencourt sont passés par là. Le spectacle des noces de l'argent et du pouvoir qui s'est ainsi donné à voir au grand jour est venu s'ajouter au mécontentement social, qui vire désormais à l'exaspération. Alors, en toute discrétion, le chef de l'État a convoqué la ministre de l'Enseignement supérieur en son palais et lui a laissé le soin d'annoncer la nouvelle. Le pouvoir cède sur ce projet de suppression de la demi-part fiscale. Alors non, on ne va pas bouder notre plaisir. En cette rentrée qui s'approche à grands pas, on a là un premier exemple qu'il est possible d'amener ce pouvoir à retirer une de ses mesures antisociales. Pourquoi cette reculade de l'Élysée, à laquelle s'ajoute, en une ficelle électorale un petit peu grosse, l'étalement d'augmentations des bourses du supérieur jusqu'à l'élection présidentielle de 2012 ? Alors que s'annonce une large journée de mobilisation le 7 septembre, dont sont parties prenantes les organisations de jeunes, dans leur diversité politique et syndicale, le plus urgent pour le pouvoir est d'éteindre la moindre flamme qui pourrait attiser les braises d'une convergence entre mobilisation des salariés et celle de leurs enfants. Et cette mesure frappait de plein fouet les deux. Ce ne peut constituer qu'un encouragement pour tous à poursuivre le travail d'explication sur la nature et la portée de société de l'attaque lancée contre le droit à la retraite. Là encore, toutes les générations sont visées. Pour les étudiants, la reculade. Pour les lycéens, le bâton, brandi hier par un ministre de l'Éducation si fier de jouer au premier de sa classe en toute matière. Premier, à son tour, dans la poursuite de la casse de l'école républicaine, à coups de milliers de postes supprimées chaque année. Premier pour décliner à la formation de la jeunesse l'opération de division des Français sur le thème de la sécurité. M. Chatel est aussi premier en cette veille de rentrée à tenter la diversion pour masquer un bilan lamentable. N'être pas capable de fournir à des jeunes des manuels scolaires dès le premier jour de lycée. Imposer aux familles de grever un peu plus leur pouvoir d'achat étranglé pour ces livres neufs. Voilà qui va ajouté à la bonne humeur dans les établissements scolaires dès le 2 septembre. (source l'Humanité)
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