> Presse —>Éducation nationale... |
Lundi 12 avril 2010 :
« L'État prive nos enfants d'école » Un millier de parents et d'enseignants de la Seine-Saint-Denis ont défilé samedi à Bobigny pour dénoncer la pénurie de moyens qui frappe leurs établissements. La colère bout derrière les yeux rieurs de Dalila. « C'est dur à dire mais c'est la réalité : ici, en Seine-Saint-Denis, nos enfants ont moins de droits que les autres. » Et ce samedi, avec un petit millier d'autres parents d'élèves et enseignants, cette mère de quatre enfants est venue le dénoncer dans les rues Bobigny où une manifestation était organisée à l'appel de la FCPE, de la CGT éduc' action, de l'Unsa, de la FSU, du Sgen-CFDT et de SUD éducation. Un cortège de week-end à la rescousse d'un département touché de plein fouet par la politique d'éducation du gouvernement. «La Seine-Saint-Denis se prend toutes les réformes puissance dix, résume Guy Tresallet, secrétaire départemental de la FSU. Et l'on crée ici une inégalité de traitement inacceptable. » À la rentrée 2010, il y aura ainsi 3000 élèves de plus dans le premier degré mais seulement 100 postes supplémentaires. Dans le second degré, ce sera 763 élèves en plus et 874 heures supprimées. Étudiant non formés pour boucher les trous Autant dire que les problèmes de non-emplacement des professeurs absents ne vont pas diminuer. Dans le défilé, c'est le sujet numéro un de protestation. « En Seine-Saint-Denis, rien que pour le premier trimestre, on comptabilise 1700 jours d'école non effectués dans le premier degré et 600 heures d'absence dans le second degré », rappelle Michel Hervieu, président de la FCPE 93. L'intersyndicale estime ainsi à 450 le nombre de postes de titulaires qui devraient être créés pour remédier à la situation. Le gouvernement, lui, se contente d'affecter des étudiants non formés pour boucher les trous. Cette pénurie, les enfants sont les premiers à en souffrir. Khalidja Leca a un fils en CM2 à l'école Anatole-France de La Courneuve. Depuis le 26 mars, une maîtresse malade n'y a toujours pas été remplacée. « Ses élèves ont été répartis dans les autres classes qui se retrouvent surchargées, explique-t-elle. Les enseignants n'ont pas le temps de s'occuper sérieusement de ces élèves. » Et le pire. Dans le département, la situation est tellement critique que certains directeurs d'école, avec l'appui de l'inspecteur d'académie, proposent même aux parents qui ne travaillent pas de garder leurs enfants à leur domicile lors des absences de profs ! « Je connais des mômes à La Courneuve qui, depuis deux semaines, passent leur journée chez eux ou dans la rue, assure, furieuse, Khalidja Leca. Que le gouvernement ne vienne pas dire, ensuite, que ces enfants sont des "racailles" en échec scolaire, alors que c'est lui qui les abandonne et les prive d'école ! » À ses côtés, Corinne Cadays-Delhome, adjointe au maire de La Courneuve chargée de l'enfance, confirme. « On parle tout le temps d'échec scolaire dans les ZEP mais que fait-on pour l'éviter ? Ici, les familles ont moins de moyens et, malheureusement, l'école aussi ! » Laurent Mouloud (source l'Humanité)
|