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Mardi 5 Octobre 2010:
Éditorial droits dans leurs bottes ? Par Michel Guilloux Aujourd'hui s'ouvre Sénat l'examen du projet de casse de la retraite à 60 ans. Petit retour en arrière. Nous sommes le 2 mai 2007, quatre jours avant le second tour de l'élection présidentielle. Interrogé par une radio périphérique sur le fait de savoir s'il allait satisfaire à la demande de Laurence Parisot d'augmenter l'âge de la retraite jusqu'à 63 ans et demi, Nicolas Sarkozy répond sur un ton tranchant : « Ce n'est pas un engagement que j'ai pris devant les Français. Je n'ai donc pas mandat pour faire cela. » Trois ans plus tard, nous pouvons donc constater ce qu'il en est et comprendre pourquoi la patronne des patrons est si discrète. Ses vœux sont pleinement exaucés par le projet en cours. Jadis, naguère, un général de Gaulle disait que la politique de la France ne se menait pas à la Corbeille. Les temps ont bien changé. Autre changement, et plus récent celui-là : la profondeur du mécontentement populaire, exprimé avec une vigueur inégalée samedi dernier. Des millions de manifestants dans la rue aux sondages, dont celui publié le 2 octobre par l'Humanité, tout le montre : la réforme Sarkozy-Woerth-Fillon est rejetée par le pays. Le pouvoir a refusé de mettre en débat d'autres solutions pour financer les retraites par répartition. C'est donc que tel n'est pas son but. Il multiplie les mensonges, dont les principaux sont décortiqués dans cette édition (l'Humanité du 5 octobre 2010). C'est donc qu'il sait ne pas pouvoir emporter l'adhésion des Français sur les vraies raisons qui le meuvent. Depuis plusieurs jours, et jusqu'à la prestation dominicale du premier ministre sur une télévision privée, ses représentants s'obstinent à prétendre que les manifestants ne comprennent rien ou, comme le déclarait hier le président du Sénat, que « le pays s'interroge encore ». C'est dire combien ce pouvoir est à bout d'arguments. Lorsque l'on est à bout d'arguments, reste la provocation, puisque les petites manoeuvres de division n'ont pas fonctionné depuis sept mois maintenant que les syndicats ont appelé les salariés à unir leurs efforts dans cette bataille. Le gouvernement et sa majorité ont choisi l'épreuve de force, dans une posture chère au x plus ultra des libéraux. Ils oublient cependant que la France n'est pas la Grande-Bretagne et que Margaret Thatcher avait ciblé une catégorie, les mineurs, là où tout un peuple est visé. Cela en dit long sur la nature injuste, inhumaine et brutale de la société dont cette droite rêve. Les huit jours à venir, le gouvernement va devoir choisir : ou bien il ouvre de vraies négociations, écoute les propositions des différentes organisations syndicales et en tient compte ; ou bien il va, par son arrogance et son intransigeance, encourager un mouvement dont il sous-estime l'ampleur. La balle est dans son camp. Historiquement, on sait ce que sont devenues, face à la montée d'une contestation irrésistible, les « réformes » dont les partisans gouvernementaux estimaient qu'elles étaient fatales, nécessaires et devaient faire l'objet de « plus de pédagogie ». D'ici au 12 octobre, face à l'agression en cours, jeunes et seniors, salariés de toutes conditions ou sans-travail, hommes et femmes, avec leurs syndicats réunis, n'ont aucune raison de relâcher leurs efforts de mobilisation. Ce combat est juste et d'avenir. (source l'Humanité)
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