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Vendredi 18 Juin 2010: La droite revancharde fière de son mauvais coup En dépit des protestations des députés de gauche, les élus sarkozystes félicitent sans retenue le projet gouvernemental. A droite on jubile : on croit être enfin parvenue à assurer son hégémonie idéologique, au mépris de ceux qui grondent, relayés par des députés qui ne compteraient que pour du beurre puisqu'ils sont minoritaires. Hier matin, à l'Assemblée nationale, la réunion de la commission des Affaires Sociales a pourtant été houleuse : Éric Woerth y était auditionné sur le projet de réforme des retraites. Un avant-goût des débats qui se dérouleront du 20 au 23 juillet, puis, en séance publique, à partir du 7 septembre. « Vous politisez le dossier », a lancé, sans rire, le ministre du Travail à l'adresse des députés de gauche. « On ne peut pas résumer une réforme de société à des mesures démographiques, a tempêté Marisol Touraine (PS). Et de fustiger « une politique de Shadoks » : « Vous allez creuser le déficit davantage d'ici à 2018. » Martine Billard (Parti de gauche) a rappelé que le pic démographique interviendrait en 2020. Même les élus du Nouveau Centre ont fait entendre une voix dissonante, dénonçant l'absence d'une « réforme systémique». « Je voudrais vous demander un peu plus de respect pour les positions que nous défendons », a fait observer Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS. Ajoutant : « En monopolisant la communication, vous voulez faire croire qu'il n'y a qu'une réforme possible : la vôtre. » « Vous ne raisonnez qu'en termes de photographie en noir et blanc », a répliqué le ministre. Pierre Méhaignerie, président UMP de la commission, voit « une réforme juste et équilibrée, surtout pour les longues carrières et la pénibilité ». Hors confrontation, la droite s'en donne à coeur joie. Jean-François Copé, président du groupe UMP, estime que « les mesures annoncées répondent aux enjeux de ce rendez-vous de vérité avec les Français ». Il se félicite « que les principaux axes définis par le groupe de travail des députés UMP et Nouveau Centre figurent dans les propositions ». Chantal Brunel, rapporteure générale UMP de l'Observatoire de la parité, salue « la prise en compte des indemnités liées au congé de maternité », mais juge que le gouvernement pourrait « aller plus loin ». Alain Juppé, qui, en 1995, sous la pression populaire, avait dû renoncer à la réforme des régimes spéciaux dans le cadre de son projet sur la Sécurité sociale, se réjouit d'un texte « très ambitieux, très complet et surtout très juste ». Le secrétaire général du parti sarkozyste Xavier Bertrand a, de son côté, fait preuve d'une grande maladresse en brossant, en creux, l'éloge du projet socialiste : « On voit bien que notre projet n'a rien à voir avec celui du Parti socialiste, qui est uniquement basé sur des taxes, des impôts, des cotisations : nous sommes en phase avec le peuple français. » Seule fausse note à droite : la réaction de Nicolas Dupont-Aignan député et président de Debout la République. Dans un communiqué il approuve par avance « la révolte des Français », face à un projet qui « pénalise les salariés et épargne les revenus du CAC 40 ». Dominique Bègles (source l'Humanité du jeudi 17 juin )
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