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Samedi 15 Mai 2010:

 

Après trois ans, il fait son bilan : les 10 guignolades de Sarkozy

Une cinquantaine de pages sous le titre « trois ans d'action », c'est ce que la communication présidentielle a cru bon de sortir pour faire le panégyrique de Nicolas Sarkozy, qui fêtait, le 6 mai, ses trois ans à l'Élysée. Mais la com' élyséenne va devoir encore travailler. Le bilan de Nicolas Sarkozy, aujourd'hui, est jugé mauvais par 69 % des Français, selon un sondage BVA . 87 % des Français jugent « plutôt mauvaise » sa politique en matière de pouvoir d'achat, sa principale promesse de campagne. Le pourcentage de mécontents est à peine inférieur en matière de réduction des inégalités (85 %), de lutte contre le chômage et les déficits publics (81 %). « L'heure n'est pas au bilan », affirme le texte. On veut le croire tant le document n'est qu'une succession de mensonges classés en quatre chapitres : « Sortir la France de la crise » ; « Vouloir une France plus forte » ; « Construire une France moderne » ; « Bâtir une France plus juste ». « Pas d'autosatisfaction », affirme l'écrit, ajoutant : « Mais il ne saurait être question non plus d'ignorer le chemin parcouru depuis trois ans, d'oublier les nombreuses réformes déjà accomplies ou de négliger les progrès déjà obtenus. » Et la communication présidentielle d'asséner tout du long de ce document : « Ne vous plaignez pas, ça aurait pu être pire si Nicolas Sarkozy n'avait pas été  président. » Un exercice de mauvaise foi dont les Français sont d'autant moins dupes que les récentes annonces de François Fillon leur promettent d'être assaisonnés à la grecque pour mieux être mangés par les marchés financiers. Sur les dizaines de mensonges proférés dans cette brochure, nous en avons choisi dix.

« Le pouvoir d'achat des Français a augmenté », dit l'Élysée. No comment.

  1. « Grâce à l'action de Nicolas Sarkozy[...] en 2009, malgré la crise, le pouvoir d'achat des Français à […] progressé de 2,1 %. »[1]

HD. Le président omet de dire qu'il n'y est absolument pour rien, et que ce chiffre est une moyenne pour une seule année. En réalité, il en est tout autrement pour les ménages les plus modestes, car les biens de première nécessité, notamment le logement et l'alimentation, n'ont cessé d'augmenter. Ce sont les biens de consommation tels l'informatique, les téléviseurs, etc., que l'on n'achète pas tous les jours, dont les prix ont baissé. Surtout, c'est l'absence d'inflation, la baisse des cours du pétrole après la flambée de 2008 et la protection sociale, que Nicolas Sarkozy s'échine à mettre en pièces, qui ont limité la catastrophe pour le pouvoir d'achat des Français.

  1. « Pour lutter contre la hausse du chômage, les moyens que l'État a consacrés […] ont atteint des niveaux inédits. »

HD. Des moyens, certes, mais pour qui et pour quoi faire ? Allégements des cotisations patronales, défiscalisation des heures supplémentaires, travail du dimanche, explosion du temps partiel... Pour quels résultats ? Le taux de chômage a encore augmenté au quatrième trimestre 2009 (+ 0,5 point, par rapport au précédent) et atteint désormais 9,6 % de la population active dans l'Hexagone. C'est toute la logique du « travailler plus pour gagner plus » qui a conduit au démantèlement des 35 heures, accusées de tous les maux, qui est en échec.

  1. « Le chef de l'État a choisi d'amplifier encore les moyens consacrés à la politique industrielle. »

HD. ArcelorMittal à Gandrange, Total à Dunkerque, Sodimatex à Crépy-en-Valois... la litanie des fermetures d'entreprises industrielles pourrait se poursuivre. Les rodomontades de Nicolas Sarkozy qui promettait aux salariés de Gandrange de ne pas les « laisser tomber » ont rapidement laissé place à un abandon en rase campagne. La position industrielle de la France ne cesse de se dégrader. La délocalisation des entreprises vers les pays à bas coût de main-d'œuvre se poursuit alors même que des milliards d'euros d'argent public ont été consacrés à se secteur pour « lui permettre de surmonter la crise ».

  1. « [Sarkozy], alors président […] de l'Union européenne, a été l'initiateur d'une vaste mobilisation visant à réguler et moraliser le capitalisme financier. »

HD. Les Grecs en savent quelque chose, eux qui voient leurs revenus s'effondrer pour plaire aux marchés ! Dans un accès de franchise Alain Minc a déclaré, le 30 avril :

« Aujourd'hui, la politique économique française est accrochée à un principe : ne pas perdre le triple A que nous donnent les agences de notation. » Les 40 patrons du CAC ont accumulé 79,5 millions d'euros de revenus en 2009, un chiffre en hausse de 3,1 millions. Sans compter le retour des bonus : Baudoin Prot, DG de BNP Paribas, touchera 1,4 millions pour l'année 2009. Où est la moralité ?

  1. « C'est à l'initiative du président Sarkozy que le blocage institutionnel dans lequel se trouvait l'Europe depuis 2005 a pu être levé. »

HD. « Le blocage institutionnel ». C'est ainsi que le chef de l'État juge la victoire du

« non » au TCE lors du référendum français de 2005. Pour surmonter ce « blocage », Nicolas Sarkozy, qui avait pourtant juré de « respecter le ʺnonʺ» s'est tout simplement assis sur la démocratie en faisant adopter par le Congrès, grâce à l'abstention des élus du PS, son traité simplifié, copie conforme du texte rejeté. Ce texte qui régit l'Union européenne fait actuellement la preuve de sa nocivité. Le dogme de la concurrence libre et non faussée, l'indépendance de la Banque centrale européenne, le tabou des 3 % de déficit maximal (oublié, le temps de sauver les banques) conduisent l'UE à imposer au peuple grec un plan d'austérité au seul bénéfice des marchés.

  1. « Jamais le dialogue social n'a été aussi dense et efficace que depuis mai 2007 […]. »

HD. En 2008, le ministre Xavier Bertrand était chargé de transposer en loi la position commune (CGT, CFDT, MEDEF, CGPME) sur la représentativité syndicale. Il en profita

« simplement » pour y intégrer la possibilité de déroger à la durée légale du temps de travail... La CGT et la CFDT dénonçaient ce « mépris ». Et la dirigeante cégétiste Maryse Dumas de résumer : « Nous n'avons pas affaire à un gouvernement capable de négociation, il cherche simplement à instrumentaliser les syndicats pour mettre en œuvre le programme présidentiel. »

  1. « Le chef de l'État a voulu remettre les valeurs du mérite, du travail et de l'égalité des chances au cœur de sa politique éducative. »

HD. Paroles, paroles, car la réalité est exactement l'inverse ! À commencer par le nombre de postes supprimées dans l'éducation nationale : 16 000 en 2010, 13 500 en 2009 et 11 200 en 2008. De plus, la fin de la carte scolaire est en train de créer un système éducatif à plusieurs vitesses en « ghettoïsant » les établissements situés en zone difficile, selon une enquête du CNPDEN. Enfin, après la mise en concurrence des universités, ce sont les écoles primaires qui sont dans le collimateur du gouvernement. Bonjour l'égalité des chances !

  1. « Jamais la France n'a engagé des moyens aussi importants en faveur des transports durables. »

HD. Le plan fret, qui devait être financé en partie grâce à la taxe poids lourds, n'en finit pas de traîner. En réalité, la SNCF démantèle le fret, supprime les wagons isolés, avec la bénédiction du gouvernement. C'est tout pour la route : autorisation et généralisation des « mégacamions » de 44 tonnes, avec expérimentation des 60 tonnes. La taxe poids lourds, elle, a été repoussée aux calendes grecques, comme l'a admis Jean-Louis Borloo en avril. Il n'a fait que suivre la ligne édictée par Nicolas Sarkozy au Salon de l'agriculture : « L'environnement, ça commence à bien faire ! »

  1. « Mieux accompagner la recherche d'un emploi grâce à un service public de l'emploi performant. »

HD. « C'est vrai. Nous n'avons pas les moyens d'assurer notre mission. » L'aveu est du directeur adjoint d'un Pôle emploi devant les chômeurs militants qui ont envahi son agence. Car, contrairement aux affirmations du président de la République, le service public de l'emploi est loin d'être performant. En cause, une « réforme » faite pour réaliser des économies et mettre un peu plus la pression sur les fonctionnaires et sur les demandeurs d'emploi. Conséquences : suicides d'agents, grèves à répétition des personnels, primes qui ne sont pas versées, hausse du chômage impossible à gérer.

  1. « Protéger les Français en investissant dans leur santé. »

HD. « C'est la même logique en ce qui concerne la santé que celle mise en œuvre à Pôle emploi. La « réforme » des hôpitaux est purement comptable et ne vise en rien à améliorer la qualité des soins. De plus, elle a fait l'unanimité contre elle ! Sans oublier les nouvelles franchises médicales pour économiser quelque 650 millions d'euros par an sur le dos des malades, les 200 des remboursements de médicaments supplémentaires et l'augmentation de 5 % du tarif des mutuelles cette anées.

Stéphane Sahuc

  1. toutes les citations sont tirées de la brochure « Trois ans d'action »

(source l'Humanité)

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