> Presse  —>Détermination grecque...

 

Mercredi 28 Avril 2010:

Détermination grecque contre un « système malade »

Il n'est plus une journée sans manifestation dans les rues d'Athènes. Une nouvelle grève générale se profile le 5 mai.

Athènes,

envoyé spécial

« c'est à ceux qui nous ont volés de payer ! » Cette phrase revient sans cesse dans la bouche des salariés et précaires grecques, désemparés de voir qu'ils sont appelés à payer le prix fort de la crise financière que subit leur pays. Plus de deux mille cinq cents travailleurs des transports reprenaient ainsi hier le slogan en chœur y ajoutant presque aussitôt : « le transport est un bien public qui appartient au peuple ». Eux ont manifesté le matin contre le plan d'austérité et les coupes qu'on leur impose.

« Je gagne 1490 euros par mois », explique Nicolas Frangoulis, conducteur d'autobus de trente-cinq ans, père de 3 enfants. Et d'interroger : « Comment vais-je faire ? Je dois payer 900 euros tous les mois pour mon logement, la scolarité de mes enfants, l'alimentation. Et ma femme, qui travaille quatre heures par jour, ne gagne que 320 euros ! » Pourtant, précise Alexandro Comitis, un représentant du syndicat d'Oasa (les transports publics), « nous avons déjà subi 10 % de réduction de salaire, et 30 % sur nos primes de Noël, de Pâques et de vacances ». Tel est le quotidien dans lequel se débattent de nombreux salariés grecs.

Dans les rues, Alexandro Comitis tenait à y être, à manifester uni avec toutes les tendances syndicales : « Nous vivons un moment crucial. Les syndicats vont résister à tous les niveaux institutionnels, politiques. » Lui est proche de la Dake, la tendance syndicale proche de ND (droite). Aujourd'hui, hors de question de se diviser : faire front face aux mesures qui aggravent les conditions de vie des travailleurs est l'objectif premier. Même tonalité du côté de Vasilis Dimitropoulos, adepte du Paske (branche syndicale du Pasok) : « Nous manifestons car le gouvernement veut réduire nos salaires. Ils vont attaquer notre système de sécurité sociale, augmenter l'âge de départ à la retraite et baisser les pensions. »

Le sujet des retraites recule particulièrement. Lundi les syndicats ont boycotté une réunion avec le ministre du Travail, conscients de la dangerosité du projet de réforme de sécurité sociale qui allait leur être soumis, à en croire les premières informations ayant filtré sur son contenu. « Dans deux ans, il sera trop tard. C'est maintenant qu'il faut se battre ensemble », dit Zogas Nektarios, lui aussi conducteurs de bus, pour justifier sa présence dans les rangs des manifestants. « Je n'attends plus rien de ce système, malade », précise-t-il, conscient des enjeux de cette lutte, y compris pour ses deux enfants de quatre et sept ans.

Hier, au Pirée, les marins bloquaient encore le port, munis. Dans la soirée, à l'appel de l'Adedy (syndicat du secteur public), les salariés et employés territoriaux ont manifesté à leur tour. Même mot d'ordre : non à l'austérité et à la casse sociale. L'appel du gouvernement au plan de dit de soutien conjoint UE-FMI a cristallisé tous les mécontentements. Les études d'opinion, d'ailleurs, sont clairs : 70 % des sondés sont contre l'immixtion du FMI en Europe, et 61 % sont contre le recours au plan européen. Contre par ce qu'ils voient qu'entre réduction des salaires et casse des services publics, la dégradation des conditions de vie les attend. Même le journal Apogevmatini, de droite, a titré : « le FMI demande la fermeture de plusieurs hôpitaux ».

Quant au directeur de la Banque de Grèce, il a prévenu : le déficit public devra baisser de 5 % (au lieu des 4 % initialement annoncés) et le chômage va augmenter en raison d'une baisse de la production 67,4 % des sondés pensent qu'une explosion sociale va se produire en Grèce. À tel point que la puissante confédération syndicale GSEE, tenu par Yannis Panagopoulos (Pasok), qui regroupe les salariés du privé, s'est décidé à appeler à la grève générale le 5 mai. Jusqu'alors, elle semblait freiner des quatre fers. Mais la base pousse très fort, de plus en plus fort...

Fabien Perrier

(source l'Humanité)

 

 

 

 

 

 

  haut de page