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Lundi 29 Mars 2010:

Sarkozy pris en main par les députés UMP

Quelle raclée ! Les socialistes avaient eu leur mémorable 21 avril 2002, avec l'éviction de Lionel Jospin du premier tour de la présidentielle, les UMP ont désormais leur 21 mars 2010 !

Sauf que Nicolas Sarkozy est toujours là. Et qu'il continue à exaspérer ses troupes. Or ce n'est pas le mini remaniement d'après-Bérézina régionale qui les calmera :« Avant, il fallait être issu de la diversité de la gauche pour être nommé, maintenant, il faut taper sur le Président pour devenir ministre ! » Les bons petits soldats de la majorité commencent à en avoir marre de regarder passer les plats sans jamais être servis. Les deux snipers, François Baroin et Georges Tron, peuvent rigoler : ils ont tiré sur le chef, ils ont ramassé du galon ministériel, le premier au budget, le second à la Fonction publique. Pas de quoi calmer UMP !

Mardi, les députés de la majorité se sont déchaînés. C'est qu'il voient poindre leur défaite à l'horizon 2012. La faute à qui ? À Nicolas Sarkozy. Dans la bataille des régions, l'omniprésident a perdu de sa superbe et surtout le droit d'ouvrir à gauche, de n'en faire qu'à sa tête et de réformer tous azimuts.

« Le courage politique, ce n'est pas la cécité et l'aveuglement », cingle Jacques Myard, député UMP des Yvelines. Du coup, exit la sulfureuse taxe carbone. Une si belle réforme aussi « grande », avait fanfaronné l'homme de l'Élysée en septembre 2009, que la décolonisation, l'élection du président de la République au suffrage universel, l'abolition de la peine de mort et la législation de l'avortement réunies... Rien que ça.

Il a suffi d'une déculottée électorale pour que cette merveille soit enterrée et la parole du Président abjurée. Ses rodomontades de mercredi n'impressionnent d'ailleurs plus personne. Ce qui ne gêne ni François Fillon, que les députés ont pris l'habitude d'ovationner, ni Jean-François Copé, leur patron. Ensemble, ils ont décidé de reprendre les choses en main, le mettre carrément sous contrôle le président de la République en inventant un « pacte majoritaire ». Lundi, sénateurs et députés vont en effet inaugurer une « journée parlementaire extraordinaire » avec le Premier ministre, pour tenter de sauver les meubles dans une maison en feu.

Cette fois, ils suivront mot à mot la nouvelle feuille de route, à droite toute, que leur a délivrée Nicolas Sarkozy cette semaine.

D'autant que le Président tout juste dérouillé a fini par se plier aux desiderata de Jean-François Copé en annonçant une loi contre la burqa, alors qu'il y était opposé. Bingo pour le retour aux fondamentaux !

François Fillon s'en est aperçu qui, mercredi soir, a été privé du journal de 20h de TF1. Pour le chef de l'État, on a assez vu le Premier ministre pendant la campagne. Il ne faudrait pas qu'il abuse de sa popularité !

Florence Muracciole

(source Bakchich)

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