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lundi 5 juillet 2010:
De contre-feu en contre-feu La semaine dernière Nicolas Sarkozy avait promis de tirer « sévèrement » les conséquences des comportements de certains ministres... au mois d'octobre. Cette annonce avait surpris. Non pas par son contenu, la nécessité de sanctionner les dérapages ministériels est une évidence, mais par son calendrier. En se donnant deux mois de plus pour agir, le président semblait ne pas se rendre compte de la gravité et de l'urgence de la situation. La multiplication des affaires a affaibli considérablement l'Exécutif, aux yeux de l'opinion. En semblant prendre son temps pour réagir, Nicolas Sarkozy risquait d'alimenter dangereusement l'antienne populiste : « politiques tous pourris... » L'erreur a donc été partiellement corrigée hier, sans doute à leur corps défendant, par Alain Joyandet, et Christian Blanc, secrétaires d'État, respectivement à la Coopération et au Grand Paris, qui ont annoncé leur démission du gouvernement. On reprochait au premier d'avoir loué un avion privé à 116 500 euros pour un déplacement ministériel en Martinique et d'avoir profité d'un permis de construire illégal pour agrandir sa maison de Saint-Tropez. Christian Blanc quant à lui, était principalement connu pour une note de 12 000 euros de cigares. Il reste à savoir si ce double contre-feu suffira à enrayer l'incendie. Si le sacrifice des deux secrétaires d'État, restaurera la crédibilité du pouvoir. Ce n'est pas certain, car l'affaire Joyandet comme les cigares de Christian Blanc, ne constituent qu'une petite partie de l'iceberg sur lequel fonçait jusqu'ici tête baissée le gouvernement. Le gros morceau, l'affaire qui nuit le plus à l'image du président, c'est celle qui concerne Éric Woerth. Parce qu'il y est question de milliardaires qui échapperaient au fisc, pire, à qui l'État rendrait de l'argent et c'est tout simplement insupportable pour le contribuable moyen. C'est d'ailleurs sur ce terrain que se focalisent l'essentiel des attaques. Après Ségolène royal, qui dénonçait un « système corrompu », Martine Aubry a reproché ce week-end à Nicolas Sarkozy « d'abîmer la démocratie ». L'UMP a riposté en les accusant de « nourrir l'extrémisme » par leurs attaques, mais n'a pu empêcher de nouvelles « révélations » : des banquiers suisses, cités par le quotidien La Tribune de Genève, affirment que Mme Woerth, gérait depuis Genève les fonds de Liliane Bettencourt, et à ce titre « était presqu'à demeure à Genève ». Témoignage très embarrassant pour le ministre, s'il était confirmé. Hier, dans son entourage, on dénonçait une vengeance de banquiers suisses contre un ministre ayant lutté contre l'évasion fiscale. Peut-être. Mais au lieu de continuer à faire l'autruche en allumant, trop tard, des contre-feux insuffisants, le président devrait se rende compte, que ce climat délétère, s'il n'agit pas, vite et fort, risque de polluer la fin de son mandat. L'Éditorial de Michel Lepinay (source le havre libre)
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