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Vendredi 12 Mars:

Coups de matraque sur la manifestation féministe

Elles fêtaient le 8 mars avant l'heure : samedi soir à Toulouse, des violences policières se sont déchaînées.

Toulouse, correspondance.

Après une première manifestation dans l'après-midi, les organisations féministes organisaient samedi dans les rues de Toulouse un défilé unitaire et nocturne sur le thème « Reprendre la nuit ». Alors que les trois cents manifestantes parcourent la rue Taur, l'une d'elles s'arrête pour taguer le rideau métallique d'une boutique : « Rien ne sert de courir, il faut jouir à point ! »

Insensibles à cet humour, les policiers de la BAC (brigade anticriminalilité) se saisissent de la jeune tagueuse, Claire, la projettent violemment au sol et la maintiennent sur le dos, selon le témoignage d'une manifestante. Marie-Thérèse Martinelli, ancienne conseillère municipale de Toulouse (apparentée PCF) et militante féministe, est présente, au premier rang : « C'était particulièrement violent. Il y avait une haine énorme de la part des policiers. » Plusieurs femmes veulent d'approcher pour secourir leur camarade et c'est alors qu'un policier (ou plusieurs, selon les témoignages) sort une matraque et tape sur tout ce qui bouge. « C'était impressionnant », raconte une manifestante.

Quatre ou cinq femmes ont été blessées. Parmi elles, Marie Thérèse Martinelli. Pour avoir demandé aux policiers d'arrêter les violences sur la jeune tagueuse, elle a reçu plusieurs coups de matraque : « Les policiers étaient dans une colère noire. » Elle souffre aujourd'hui d'un doigt cassé à la main droite et doit porter une attelle. Cécile, autre militante féministe a elle aussi été matraquée et dû passer deux heures à l'hôpital Rangueil pour faire soigner un hématome à la main.

Après ce déchaînement de violence, les policiers embarquent la jeune Claire jusqu'au commissariat central, au bord du canal du Midi. La manifestation décide d'y aller aussi. Et quelque trois cents personnes restent rassemblées devant ce lieu jusqu'à 23 h 30, moment où Claire est relâchée. Du côté des policiers, on explique que la jeune femme avait tagué à plusieurs reprises depuis le début du défilé, qu'elle s'est rebellée au moment de son interpellation. Et que les manifestantes matraquées voulaient s'interposer entre la jeune femme et les policiers, la soustraire aux forces de l'ordre...

Lundi soir, à la tribune du meeting régional du Front de gauche, Marie-Thérèse Martinelli a relaté cette répression brutale. Charles Marziani (PCF) et Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) ont condamné ces violences policières et exigé des sanctions. Les femmes matraquées et blessées vont sans doute porter plainte. L'affaire aura des suites. Regret de Marie-Thérèse Martinelli : « Avec ces événements, on ne parle plus de nos revendications. »

Bruno Vincens

(source l'Humanité)

 

 

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