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Vendredi 3 Septembre 2010:
Cooper ferme avec l'aide de l'État Les actionnaires de l'équipementier automobile Cooper Standard France viennent d'annoncer la fermeture de l'usine de Bolbec début 2011. Avec le soutien financier de l'État.
Seine-Maritime, correspondance. « Mettons l'argent public pour le travail. » C'était en novembre 2008. Nicolas Sarkozy vantait alors l'unité du Fonds stratégique industriel (FSI), censé aider l'industrie française. Pourtant, aujourd'hui, c'est ce même FSI, via le Fonds de modernisation des équipementiers automobiles (FMEA), qui participe à la fermeture prévue au premier trimestre 2011 de Cooper standard France, équipementier automobile basé à Bolbec, en Haute-Normandie. La cause ? Un manque de rentabilité face à son concurrent direct, la Barre Thomas, à Rennes. Et comme le FMEA, dixit son directeur Hervé Guyot, grand argentier de l'automobile, n'entend pas « sauver les canards boiteux », 284 salariés du site de Bolbec vont être licenciés. Douze d'entre eux se verront offrir un reclassement, à proximité, à Lillebonne, et vingt autres en Bretagne. Pourtant, Pascal Langlois, délégué syndical CGT de Cooper, n'en démord pas : « Le site pourrait être viable si les actionnaires (qui ont racheté les parts de Goldman Sachs et de Cypress Group le 1er juillet dernier – NDLR) le voulaient. » Mais au lieu de cela, ils ont préféré miser sur le concurrent rennais en fusionnant avec lui, avec la complicité de l'État, toujours via le FMEA. Ce dernier a décidé de racheter les parts de Silver Point, un des sept actionnaires de Cooper Standard France, pour faciliter cette fusion. L'État sera donc actionnaire minoritaire, un coup de pouce sans pouvoir au conseil de surveillance sur les futurs choix industriels du groupe dominé par des actionnaires issus du système bancaire (Barclay's capital, Lord Abbett). Le 16 juillet dernier, Hervé Guyot, interpellé déjà à l'époque par Céline Brulin, conseillère régionale communiste, sur les rumeurs de fusion et d'utilisation des fonds publics pour financer des destructions d'emplois, avait pourtant tenté d'être rassurant. « Aucune décision d'investissement formelle n'a été prise en ce sens », écrivait-il. Mais il précisait aussi immédiatement que « les deux sociétés avaient envisagé ce rapprochement pour mutualiser leurs capacités nécessaires au maintien de leur compétitivité » et que « ce projet de regroupement permettrait ainsi de sauver 1600 emplois en France ». Dont la totalité des 1300 emplois du site rennais ? Rien n'est moins sûr, pourtant, au regard des précédents plans sociaux qui ont touché ce site depuis 2006.
« Le ministre des ouvriers » interpellé Jean-Paul Lecoq, député communiste de la circonscription, dénonce quant à lui la collaboration de l'État dans de possibles délocalisations (l'entreprise Barre Thomas possède des usines au Maghreb, en Europe de l'Est et en Asie) et les destructions d'emplois dans un bassin économique déjà sinistré et dont la situation très critique est amplifiée par les constructeurs automobiles, « véritables donneurs d'ordres qui ont le droit de vie et de mort sur les équipementiers automobiles ». Les deux élus ont demandé à être reçus en urgence par Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, qui s'enorgueillissait il y a quelques jours d'inaugurer « l'Observatoire du produit en France », censé défendre « le made in France » et préserver « le savoir-faire national ». Les salariés de Cooper, eux, sont bien décidés à multiplier les initiatives locales et à accompagner les élus au ministère pour demander des comptes à celui qui se présentait, il y a peu, comme « le ministre des ouvriers » Pierre Seaux (source l'Humanité)
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