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Lundi 7 Juin 2010:
Comment rendre le pouvoir aux Européens L'Humanité avait pris l'initiative d'une pétition de soutien au peuple grec. Déjà plus de 10 000 Européens ont signé sur le site Web pour que l'État Hélène puisse emprunter auprès de la Banque centrale européenne (BCE) au même taux que les banques privées. On ne pouvait en rester là. C'est pourquoi Patrick Le Hyaric et le groupe de la Gauche unitaire européenne au Parlement européen ont organisé vendredi et samedi à la Mutualité à Paris un colloque sur la sortie de crise. Venus de France, de Grèce, d'Espagne, de Roumanie, d'Allemagne, etc., des élus, des journalistes, des militants altermondialistes, des syndicalistes, des responsables politiques des diverses familles politiques de gauche ont pu confronter leurs points de vue au cours de quatre tables rondes, auxquelles ont participé 200 personnes. De l'avis des intervenants, cette crise est le fait d'un défaut de construction de l'Union européenne (UE), qui fait la part belle aux marchés financiers. « On nous fait croire qu'un vol de papillon aux États-Unis a provoqué une crise mondiale dont nous sommes les victimes », attaque l'eurodéputée Pervenche Berès (PS). Or, l'UE a été « organisée comme un terrain de jeu pour les marchés financiers ». Une telle politique a été rendue possible par « un affaiblissement de l'esprit de classe en Europe après 1968 », selon Pedro Marset, du Parti communiste espagnol (PCE. Et a conduit à la libre circulation des capitaux, au libre-échange et à une réduction de la part des salaires dans la valeur ajoutée. Devenir « la zone la plus solidaire » L'eurodéputée communiste portugaise Ilda Figueiredo a appelé à en finir avec le pacte de stabilité et à instaurer une « Europe de croissance économique et de progrès social ». Membre du Conseil économique et social pour la CGT, Nasser Mansouri-Guilani exhorte à changer de paradigme. Selon la stratégie de Lisbonne, il fallait devenir « l'économie la plus compétitive au monde ». Au contraire, il faut devenir la « zone la plus solidaire ». Les services publics « sont un pilier du modèle social européen », renchérit Didier Le Reste, secrétaire des cheminots CGT. Pour lui, les services publics sont un facteur de croissance, de réduction des inégalités, de régulation économique. L'économiste communiste Paul Boccara a proposé un fonds européen de développement social. Ce dernier emprunterait à une BCE qui retournerait dans le giron politique pour développer les services publics. Car ceux-ci seront la réponse aux besoins de la formation, de l'énergie, etc. Au final, c'est la question des pouvoirs qui est posée. « La démocratie est le plus grand déficit européen », déplore Maryse Dumas (CGT). Plusieurs interventions, telle celle d'Aurélie Trouvé d'Attac, appelaient à revoir les traités européens. D'autres solutions doivent être mises en place, s'inquiètent de nombreux participants. Car plane la peur qu'à la faveur de la crise ne se développent des solutions politiques autoritaires, à l'heure où les marchés « préconisent une répression financière contre les agents de l'économie réelle », selon l'expression de Kostas Vergopoulos, professeur à l'université de Paris-VIII. Gaëlle De Santis (source l'Humanité)
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