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Jeudi 15 Avril 2010 :
« Il y a tromperie, ces gens-là se fichent du monde » Pour Daniel Paul, député (PCF) de Seine-Maritime, l'État devrait exercer un réel contrôle sur les constructeurs. Peut-on parler de non respect de ses engagements par PSA, après l'annonce de la fermeture du site de Melun-Sénart ? Daniel Paul. À l'évidence, PSA se cache derrière les mots, puisqu'il prétend que ce site n'est pas un site de production, en raison de quoi il ne saurait être compris parmi ceux qui sont exclus des mesures de fermetures ou de licenciements, selon les termes de l'accord passé avec le gouvernement. Mais quand un groupe comme PSA a perçu trois milliards d'euros d'argent public de la part de l'État, on peut s'attendre à ce qu'il ne ferme pas d'usine, quelle qu'elle soit, sur le territoire national. Cette décision du groupe montre bien que nous avions raison de mettre en cause la pertinence même de ce type d'aides. La crise de l'automobile est-elle un effet de la crise globale, ou bien le fait de logiques privilégiant les actionnaires contre l'emploi ? Daniel Paul. Il il y a les deux. Il est clair que le secteur automobile est victime, comme d'autres industries, de la crise actuelle, avec son impact sur le pouvoir d'achat des ménages, et l'assèchement du crédit. Dans l'automobile, la crise est entrée dans une phase nouvelle. Les effets de la prime à la casse se réduisent, et la période qui s'ouvre risque d'être d'autant plus difficile que le pouvoir d'achat en berne n'incite pas à l'acquisition de véhicules neufs. Mais il y a aussi la course à la concentration engagée chez les constructeurs, qui prend la forme de fusions, de mariages. On sent qu'un mouvement de fond est en cours dans lequel les entreprises recherchent le maximum de rentabilité. La question de la restauration du taux de rentabilité à deux chiffres est au cœur de cette financiarisation. Peut-on parler d'un jeu de dupes de la part des constructeurs ? Daniel Paul. Clairement, il y a tromperie. Ces gens-là se fichent du monde. Ils profitent de la crise pour justifier des opérations qui ne visent en réalité qu'à améliorer la rentabilité et à gagner en productivité. L'emploi, les hommes, les salariés, ils n'en ont rien à faire. On a vu, chez Sodimatex, les travailleurs devoir taper du poing sur la table et menacer pour obtenir ce qu'ils demandent... Chez Renault Sandouville, on demande aux salariés de travailler plus vite alors qu'ils sont touchés par des mesures de chômage partiel ! Quant au gouvernement, au-delà des mots, ils se soucie davantage de la rentabilité des groupes que de la pérennité de l'activité sur le territoire national, avec ce que cela voudrait dire de maintien et de développement de l'emploi, et de sauvegarde de tissu industriel dans les bassins d'emplois. Le déménagement de PSA de Melun-Sénart vers Vesoul, cela signifie d'abord une perte d'activités et d'emplois pour la région de Meulun. Que faudrait-il faire pour que l'État exerce un réel contrôle sur ces entreprises ? Daniel Paul. Il serait préférable d'investir dans le capital des entreprises de façon à pouvoir peser sur leur stratégie même plutôt que de leur donner des aides financières, même conditionnées en bonne et due forme. Ce qui se passe à PSA montre bien qu'il est facile de contourner ces engagements. Par le passé, l'État est monté en puissance dans le capital d'entreprises d'autres secteurs, comme les chantiers navals de Saint-Nazaire. Pourquoi ne le ferait-on pas dans un domaine aussi stratégique que l'automobile pour protéger cette industrie et ses emplois ? Pour Renault, nous avons proposé que l'État acquière plus de 33 % du capital. Cela permettrait de disposer d'un réel droit de regard. Entretien réalisé par Sébastien Crépel (source l'Humanité)
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