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Vendredi 9 Avril 2010:

Les plus fortunés prennent l'oseille et se tirent !

Les 580 millions d'euros offerts en 2009 aux nantis du bouclier fiscal n'empêchent pas l'exil des plus riches.

Choyez les riches, ils vous le rendront. C'était, en peu de mots, la philosophie du sarkozysme au début du quinquennat. Premier acte de la présidence sarkozyste, l'adoption du paquet fiscal en faveur des plus aisés devait permettre (d'en faire profiter au mieux le reste du pays par le biais de l'incitation plutôt que de la contrainte », selon les mots de Christine Lagarde, le 10 juillet 2007, devant les députés. Après la publication des chiffres des exilés fiscaux pour 2008, mardi, par le nouveau ministre du Budget, François Baroin, le constat s'impose : le sarkozysme est désormais en échec sur toute la ligne. Même sur les retombées économiques supposées des cadeaux aux plus fortunés. Les données sont éloquentes : en 2008, le gouvernement a comptabilisé 312 retours d'« expatriés fiscaux » redevables de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) contre... 821 départs. Soit un solde négatif de 509 fortunes domiciliées fiscalement en France. En clair : les grandes fortunes empochent l'oseille...et se sauvent à l'étranger, sur le même modèle que les grands groupes qui touchent les fonds publics et délocalisent.

De l'aveu même de François Baroin, les grandes fortunes ont payé, en 2009,1 milliard d'euros en impôt, au lieu d'1,5 milliard dont elles auraient dû s'acquitter sans le bouclier fiscal. Au lieu des recettes fiscales supplémentaires attendues de la re-domiciliation de fortunes en France, le bouclier fiscal appauvrit l'État et enrichit ceux qui sont déjà immensément riches. En 2009, selon les chiffres avancés par François Baroin, ce sont ainsi 585 millions d'euros qui ont été reversés par le Trésor public à 16 350 foyers fiscaux, dont 47 % (7675 ménages) paient l'ISF. Ces derniers ont perçu à eux seuls 580 millions (75 500 euros en moyenne). Et c'est une poignée de plus riches d'entre les riches qui bénéficient du gros du pactole : 1055 contribuables déclarant un patrimoine de plus de 16 millions d'euros ont bénéficié, en 2009, de 383 millions d'euros de remise d'impôt, soit 363 872 euros par ménage... « L'équivalent, pour chacun, de vingt années de Smic », s'indigne le porte-parole des députés communistes, Roland Museau.

Mais pas question d'abroger le dispositif, répète le ministre du Budget, pour qui la France serait « malade de son instabilité fiscale » Comprendre : si les riches continuent de s'exiler, c'est à cause de la gauche, dont les critiques créent un climat d'« instabilité » ! Tout juste le gouvernement entend-il réclamer aux nantis un « effort », en ne les dispensant pas de l'augmentation de la CSG-CRDS qu'il projette... En fait, une toute petite concession (quelques centaines d'euros tout au plus par foyer) pour faire avaler la pilule d'une nouvelle injustice : celle d'une augmentation d'impôt que tout le monde, et d'abord les plus modestes, paiera.

Sébastien Crépel

(source l'Humanité)

 

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