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Samedi 20 Février 2010:

« Au bout du rouleau »

Témoignage. Franck Bova fait partie des salariés d'Isotherma réclamant le paiement de leurs arriérés de salaires. Avec quatre enfants au foyer, il raconte ses difficultés.

Franck Bova vit dans un pavillon de Turretot qu'il loue depuis quatre ans. « Encore heureux, sourit-il vaguement. Cela fait toujours un prêt en moins à rembourser. Déjà, ma banque ne me couvre pas beaucoup, elle continue à prélever les agios », poursuit, le salarié d'Isotherma. Comme bon nombre de ses collègues, Franck vient tout juste de toucher son salaire du mois de janvier dans sa totalité. Pour février, il est censé recevoir un acompte aujourd'hui. « Mais je n'y crois pas. »

La dernière paye « normale » remonte à … cet été. Depuis, « les retards ont sans cesse augmenté ». Les comptes, en revanche, ont ont plongé inexorablement vers le rouge. Sur la table, un courrier de relance du bailleur sollicite le paiement du dernier loyer. « On emprunte de l'argent à la famille » indique Véronique Bova. « Alors qu'on se lève tous les matins pour aller au boulot, reprend son mari. La fierté en prend un coup. En ce moment il y a une petite fête foraine à Turretot et je ne peux même pas donner une pièce à mon fils. Véronique et Franck sont parents de quatre enfants âgés de 8 mois, 6, 9 et 12 ans. Dépourvus de mutuelle, ils « croisent les doigts pour qu'il ne leur n'arrive rien ».

Entré chez Isotherma en intérim à l'âge de 17 ans, Franck a été définitivement embauché en 2000. Aujourd'hui âgé de 36 ans, le réceptionneur d'échafaudages touche en moyenne 1 700 € par mois. L'unique revenu di foyer.

Lors de la reprise de l'entreprise par le groupe Bernard-Krief Consulting, « on nous avait promis un treizième mois ». Les salaires avaient même légèrement augmenté. Bonus dérisoire au regard des événements actuels.

Côté en bourse

Comme la plupart de ses camarades, Franck en est arrivé à souhaiter le dépôt de bilan, une perspective que refuse toujours le PDG, Louis Petiet. De plus en plus sous les feux des projecteurs médiatiques, l'homme d'affaire s'est engagé à rencontrer les employés début mars. « Jeudi quand j'ai appris qu'il fêtait l'entrée en bourse de son groupe dans un grand restaurant parisien, ça m'a flingué », lance Franck. L'ultime provocation aux yeux des ouvriers d'Isotherma, qui poursuivent leur grève débutée lundi... et sont partis pour continuer toute la semaine prochaine, avec l'espoir d'une évolution la plus rapide possible. « il faut que ça cesse, on est tous au bout du rouleau ! »

Franck songe à sa reconversion. « J'espère passer une formation pour travailler dans les transports en commun. » Mais une chose reste sûre : « Je ne partirai pas d'Isotherma de moi-même. »

Thomas Dubois

(source le havre libre)


 

 

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