> Presse  —>  Amiante, Éric licencié...

 

Vendredi 22 Janvier 2010

Éric, licencié pour avoir dénoncé l'amiante

Parce qu'il a fait intervenir l'inspection du travail après la découverte d'amiante dans un centre d'hémodialyse, la direction s'acharne contre lui.

Montpellier (Hérault),

correspondance.

On n'annonce 100000 morts à venir. L'exposition à l'amiante est l'une des catastrophes sanitaires des plus dramatiques mais beaucoup d'entreprises refusent d'en endosser la responsabilité... Victime collatérale, Éric Lacoste, quarante-deux ans, technicien biomédical, a été licencié du Centre d'hémodialyse Languedoc méditerranéen (CHLM) appartenant au groupe allemand Fresenius, qui brasse de colossaux bénéfices. Délégué CGT au comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail, le syndicaliste a eu l'outrecuidance de faire intervenir l'inspection du travail après la découverte d'amiante dans les faux plafonds de la clinique de Montpellier. Que lui reproche-t-on ? Officiellement, d'avoir eu une altercation avec un collègue. Mais son engagement syndical, de même que se demande de mettre en place un suivi des salariés qui auraient pu être en contact avec les poussières d'amiante ont mis le feu aux poudres. Surprenant pour une société qui écrit sur son site Internet que « partout dans le monde ». Fresenius « prend soin de la vie »... « Tout a commencé en 2005 », nous a expliqué Éric, quelques minutes avant d'entrer au conseil des prud'hommes, hier à Montpellier. « J'étais secrétaire du CHSCT et j'ai été alerté qu'en cours de travaux, de l'amiante avait été découvert dans les faux plafonds. J'ai fait intervenir l'inspection du travail. » Le chantier a été évidemment stoppé. « Le CHSCT a approuvé nos propositions et a demandé une expertise. La convention amiante que j'avais proposée a été présenté au comité d'entreprise en septembre 2007 et acceptée. Quelques jours plus tard, la direction lançait une première procédure de licenciement à mon encontre. » Procédure refusée par l'inspection du travail : la ficelle était un peu grosse...

Éric a depuis été réintégré. Mais c'était sans compter avec la hargne du groupe, qui n'a pas hésité à lancer une deuxième procédure, de nouveau refusée. La direction a alors introduit un recours auprès du ministère du Travail, qui a diligenté une enquête auprès de ses services départementaux. Nous sommes en mars 2008. L'enquête a logiquement conclu que le lien était clairement établi entre les actions du syndicaliste en rapport avec l'amiante et son licenciement. Pourtant, retournement de situation : en juin, le ministre du Travail a autorisé le licenciement ! Éric Lacoste déposa alors un recours au tribunal administratif pour annuler la décision du ministre, saisissant le tribunal des prud'hommes pour demander la nullité du licenciement et sa réintégration. L'audience a eu lieu hier.

Le jugement a été mis en délibéré pour le 11 février. Entre-temps, Fresenius a fait démolir sa clinique de Montpellier et s'est installé a Castelnau, localité voisine.

Eloi Martinez

 

 

 

  haut de page