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Dimanche 29 août 2010:

Le grand saut

ces jeunes profs n'ont jamais vu un élève

Première. La réforme de la formation des enseignants a changé la donne pour les nouveaux profs, lancés dans les classes, seuls et dans le plus grand flou.

Comme 400 de ses jeunes collègues haut-normands, Loïc se prépare à rentrer en classe. Pour la première fois de sa vie, il se retrouvera derrière le bureau du professeur. À 23 ans, il vient d'être reçu au concours du CRPE qui lui permet de devenir professeur des écoles. Seulement, il l'avoue, à quatre jours de la rentrée, il

« nage dans le flou le plus total ». Il ne sait pas encore de quelle classe il aura la charge ni même où il travaillera. « Je peux aller partout en Seine-Maritime, à Fécamp comme à Eu ou à Rouen. Et si ça se trouve, je n'aurai pas de poste fixe, je serai affecté successivement dans ces trois villes et aurai des niveaux à chaque fois différents », sourit-il, perplexe. En cause, la réforme de la formation des maîtres qui prend effet cette année.

Auparavant, les futurs professeurs des écoles n'assuraient la classe qu'un jour par semaine. Le reste du temps, ils continuaient à se former à l'IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres). Idem pour le professeurs du secondaire qui bénéficiaient d'un tiers-temps. Aujourd'hui, tout a changé. Ils auront directement un temps plein ou presque (en moyenne, un jour par semaine sera consacré à la formation à l'IUFM). « Nous sommes lâchés dans la fosse. Nous n'avons eu que deux stages de deux fois une semaine, lors desquels on était assis au fond de la classe à observer. Je ne sais même pas préparer une séquence ! », Lâche Hortense, professeure d'anglais. Du côté des syndicats on ne mâche pas ses mots pour dire tout le mal que l'on pense de la réforme, et ce même si on reconnaît que les aménagements mis en place par le rectorat (lire ci-dessous) sont « moins médiocres qu'ailleurs ».

« Amateurisme d'État »

« C'est un véritable scandale », dénonce Éric Puren, secrétaire général du SNES-FSU de l'académie de Rouen. « Les nouveaux professeurs seront à présent pris en charge par un professeur tuteur qui ne sera pas forcément dans le même établissement. Cela consiste à nier toute réelle formation. Nous sommes face de l'amateurisme d'État, et je pèse mes mots », continue-t-il. « Certains stagiaires ne seront pas encadrés du tout, car il manque au rectorat, qui a mis en oeuvre la réforme dans la précipitation, 35 tuteurs pour 208 professeurs stagiaires dans le secondaire ».

Quant aux élèves, qui auront parfois plusieurs professeurs par an (pas plus de deux assure le rectorat), « ils sont transformés en cobayes, tout simplement », estime Philippe Péchoux de la CGT Éduc'ation. Une inquiétude également partagée par les représentants des parents d'élèves.

Simon Hauville

L'académie tente de limiter les dégâts

Décidée par le gouvernement, la réforme de la formation des maîtres a néanmoins été aménagée à l'échelle régionale. Le rectorat pour le secondaire et l'inspection académique pour le primaire ont pu choisir le mode de gestion qui leur convenait le mieux.

Au total, la réforme en Haute-Normandie concerne 208 professeurs du secondaire et 184 professeurs des écoles (106 en Seine-Maritime et 78 dans l'Eure).

Ainsi, pour les professeurs du secondaire, il a été décidé de répartir les heures de formation à l'IUFM (126 heures pour l'année) en deux blocs, une fois en début d'année et une fois en avril. Ainsi les nouveaux professeurs seront à mi-temps jusqu'aux vacances de la Toussaint et durant le mois d'avril. Les tuteurs quant à eux recevront une prime de 2000 euros.

« Les professeurs stagiaires n'ont pas été placés dans des établissements difficiles », assure François Didier, qui a piloté la réforme dans l'académie de Rouen. « Faux », rétorque Éric Puren, secrétaire général du SNES-FSU, « un professeur a été nommé au collège Léo Lagrange au Havre classé éducation prioritaire, un autre à Démezil a Vernon par exemple ».

Dans les écoles maternelles et primaires, un tiers du temps sera consacré à la formation à l'IUFM (contre deux tiers auparavant). « Ils n'auront pas de CP et pas de petites sections de maternelle qui demandent un travail spécifique. Et jusqu'aux vacances de la Toussaint, les professeurs des écoles seront accompagnés », garantit Jean Lhuissier, inspecteur académique adjoint en Seine-Maritime. En revanche, ils ne seront pas affectés dans le même établissement toute l'année.

(source le havre libre)

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