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La gauche unie contre la taxation des accidentés.

À l'invitation de la fondation Copernic, tous les partis progressistes et des composantes sociales et associatives ont scellé leur unité, mardi, pour faire échouer le projet de l'UMP.

La gauche ne lâche pas sur la taxation des indemnités des accidentés du travail. Alors que cette mesure, voulue par le patron des députés UMP, Jean-François Copé, a été votée une première fois à l'Assemblée nationale, la plupart de ses composantes politiques, sociales, associatives se sont donné rendez-vous pour un nouveau meeting unitaire, mardi soir, dans le quartier du Sentier, à Paris, à l'initiative de la fondation Copernic et de l'inspecteur du travail Gérard Filoche. Avec comme objectif de faire reculer le gouvernement et sa majorité d'ici le passage de la loi au Sénat. Et pour cela une recette : celle de l'unité la plus large et la plus déterminée face à une mesure pour laquelle les participants n'ont pas eu de mots assez durs pour traduire l'indignation qu'elle suscite,

« criminelle », « injuste », « ignoble »...

Devant trois cents personnes, les intervenants s'en sont dits convaincus : « Le gouvernement ne prend que les espaces que nous lui abandonnons », a lancé le représentant de Solidaires, Éric Beynet. D'où la nécessité absolue, partagée de Lutte ouvrière au PS en passant par le PCF, les Verts, le NPA et le Parti de gauche, de serrer les rangs contre cette mesure, par-delà les divergences entre ces formations.Pour Pierre Laurent, coordinateur national du PCF, la première victoire à remporter c'est de « briser le silence ». « Si le scandale éclate, nous trouverons la force de remettre en cause cette mesure indécente » qui consiste à « voter 150 millions d'euros » aux victimes alors que « les revenus financiers des entreprises ne cotisent pas à la Sécurité sociale », a-t-il lancé. Une « énorme mesquinerie », pour Danièle Linhart, sociologue au CNRS, tandis que son collègue de l'EHESS, Robert Castel, a fustigé une « mesure révélatrice d'une droite, réactionnaire et revancharde ».

Le caractère mesquin de cette mesure a largement alimenté les argumentaires. Jean-Luc Mélenchon : « 150 millions ce n'est rien comparé aux1 795 milliards d'euros produits chaque année dans ce pays. Ayons l'insolence de dire : ne nous parlez pas d'argent ! » Edwy Plenel, journaliste fondateur de Médiapart et ancien directeur du Monde, qui animait la soirée, a rappelé les 70 milliards d'euros de niches fiscales auxquelles la droite refuse de s'attaquer. Pour la députée écologiste Martine Billard, la taxation des indemnités est le paravent de la « casse sociale généralisée » qui permettra de s'en prendre, demain, à celles « des licenciés des plans sociaux ».

Au-delà, tous soulignent le caractère fondamentalement « de classe » de cette mesure. « Le fond même du problème, c'est l'exploitation », a déclaré Alain Lipietz, au nom des Verts. Arnaud de Broca, secrétaire de la Fédération nationale des accidentés du travail et handicapés (Fnath), a quant à lui fait part de l'indignation de ses adhérents, directement touchés, en rappelant que les accidentés du travail sont doublement victimes, du fait d'une indemnisation incomplète du préjudice, notamment sur le plan de la douleur physique et morale. « Avec Nicolas Sarkozy, cotiser ne fait plus de vous un ayant droit aux prestations de la Sécurité sociale », a souligné le porte-parole du PS, Benoît Hamon. Son homologue du NPA, Olivier Besancenot, a lancé un appel à poursuivre le combat jusqu'à la victoire pour « redonner du moral et de confiance à tout le monde », tandis que Nathalie Arthaud, pour Lutte ouvrière, a souhaité une « explosion sociale pour inverser le rapport de forces entre patronat et travailleurs ».

Sébastien Crépel

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